La Belgique est une nation réputée pour la valeur de ses coureurs cyclistes. Les femmes également pratiquent ce sport à un haut niveau. Rien d'étonnant donc que des médecins belges rapportent pour la première fois une pathologie clinique, qu'ils nomment : vulve de la cycliste.
La description clinique de Luc Baeyens et coll. (Bruxelles) est simple. Elle est présentée dans le « British Medical Journal ». Il s'agit de l'observation, chez six femmes cyclistes de haut niveau, d'un oedème chronique de l'une des deux grandes lèvres. Ces cyclistes, âgées de 21 à 38 ans, s'entraînaient de manière intensive depuis plusieurs années, à raison de 462,5 km par semaine, en moyenne. Toutes décrivaient une majoration de l'oedème après des séances d'entraînement prolongé. Inutile de préciser que, chez des sportives aussi aguerries, l'hygiène, le réglage de la selle et la qualité du cuissard n'ont pu être impliqués.
Certes, comme tous ceux qui pédalent beaucoup, elles souffraient de temps à autre de lésions périnéales cutanées d'ordre inflammatoire, d'irritation ou de folliculite.
Trois d'entre elles ont accepté de subir une lymphoscintigraphie des membres inférieurs, donnant la clé du diagnostic. Des lésions lymphatiques similaires ont été notées, toujours du même côté que la lésion vulvaire. Il s'agissait d'une insuffisance fonctionnelle lymphatique et de ganglions profonds. Parmi les trois autres patientes, l'une d'elles avait déjà subi une intervention pour une endofibrose de l'artère iliaque externe, pathologie fréquente chez les coureurs cyclistes. Chez elle, l'oedème existait avant l'opération et n'a que peu régressé après chirurgie vasculaire.
L'explication de l'atteinte lymphatique se trouve dans l'association d'une inflammation chronique vulvo-périnéale avec lésions des vaisseaux lymphatiques et d'une compression répétée de vaisseaux lymphatiques inguinaux occasionnée par la position penchée en avant sur le vélo. Il faut rappeler que sur un vélo de course le haut du guidon se situe bien plus bas que le niveau de la selle.
Les auteurs reconnaissent l'impossibilité d'éliminer une affection lymphatique antérieure que le sport aurait révélée. Une étude prospective par lymphoscintigraphie menée chez des compétitrices prises au hasard répondrait peut-être à la question.
Compresses froides et drainage lymphatique
En prévention de cette pathologie, les auteurs conseillent une surélévation des membres inférieurs au repos pour favoriser le retour lymphatique. L'oedème, quant à lui, pourrait être réduit par l'application de compresses froides après l'entraînement et par un drainage lymphatique sollicitant des voies collatérales.
Dans un éditorial, un médecin britannique, Mary Ann Elston (Londres), fait un point d'histoire sur les femmes et la bicyclette. Elle rappelle qu'en 1880 et pendant plusieurs décennies le Touring Club cycliste de Grande-Bretagne a toléré que les femmes pédalent par plaisir ou commodité, pour améliorer leur forme après une maternité. Mais prendre le vélo au sérieux, dans un esprit de compétition, et « entraîner leur corps comme si elles étaient des hommes » leur était refusé, au nom de leurs « qualités et physiologie féminines ».
« British Medical Journal », vol. 325, 20 juillet 2002, pp. 138 et 139.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature