De notre correspondant
Il faut continuer à examiner le risque d'une contamination des Américains à la suite d'un acte de bioterrorisme, il faut prévoir la riposte en cas d'attentat, ont décidé les délégués au congrès de l'AMA, mais il faut pas procéder à une vaccination générale, à cause des effets secondaires graves qui toucheraient environ 1 % de la population vaccinée.
« Nous ne savons même pas si des terroristes ont accès au virus de la variole, déclare le Dr Ron Davis, un expert de santé publique de Détroit, membre de l'AMA, que "le Quotidien" a rencontré à San Francisco. Nous sommes confrontés à des problèmes énormes, extrêmement complexes et qui nécessitent que la réflexion doive être approfondie. » Selon le Dr Davis, la vaccination des 280 millions de citoyens américains entraînerait le décès d'au moins 300 d'entre eux et des milliers d'autres pourraient souffrir de séquelles graves.
Pas un seul cas dans le monde
« Or, à l'heure qu'il est, poursuit-il, il n'existe pas un seul cas de variole, non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde. Il ne faut pas céder à la panique, elle n'aurait, en ce moment, aucun fondement sérieux. »
Le problème se complique par le fait que tous les Américains âgés de 32 ans ou plus ont déjà été vaccinés contre la variole, mais on ne sait pas s'ils ont besoin d'une vaccination de rappel.
« L'immunisation dure plusieurs années, explique Ron Davis, mais nous savons qu'elle s'affaiblit avec le temps et que, par exemple, les vaccinés âgés de soixante ans ou plus, ne sont probablement plus immunisés. »
En outre, les bébés de moins de un an et les adultes dont le système immunitaire est affaibli ne pourraient pas supporter la vaccination contre la variole. Or beaucoup de personnes au système immunitaire faible n'ont pas été diagnostiquées en tant que telles.
La décision de l'AMA tranche un débat ouvert par les délégués de Floride, conduits par le Dr Bernd Wollschlaeger, de North Miami Beach, qui estime que « l'Amérique est sous la menace ». D'autres délégués ont suggéré que la vaccination contre la variole soit volontaire plutôt qu'obligatoire et que le choix de vacciner ou non soit laissé au médecin traitant. Mais, dit le Dr Davis, « nous ne disposons que de 15 400 000 doses de vaccin pour une population trente fois plus nombreuse. Et les vaccins commandés par le gouvernement fédéral ne seront pas disponibles avant au moins un an ». Effectivement, l'administration a passé commande de 155 millions de doses de vaccin à deux laboratoires pharmaceutiques (pour la somme de 428 millions de dollars, plus de 3 milliards de francs). Et manifestement, le gouvernement des Etats-Unis, dès lors qu'il n'achète pas des vaccins pour tout le monde, pense davantage à circonscrire une éventuelle épidémie qu'à une vaccination générale et obligatoire.
La première ligne de défense
Dans le camp minoritaire de l'AMA, on estime que « les Américains devraient avoir le choix », comme l'affirme le Dr Joy Maxey d'Atlanta, qui souhaite elle-même bénéficier d'une vaccination. Son intervention au congrès a été remarquée et le texte de sa déclaration a été soumise aux experts fédéraux chargés d'assurer la première ligne de défense contre une attaque au virus de la variole.
Dans les dispositions adoptées par le Center for Disease Control and Prevention (CDC) d'Atlanta, tout cas de variole qui serait décelé aux Etats-Unis serait considéré comme l'épicentre d'un premier cercle de défense (vaccination de l'entourage et de toutes les personnes contactées par le malade trois semaines avant l'apparition de la maladie) qui serait de cercles de plus en plus larges si l'épidémie s'étendait.
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