La décision de George W. Bush s'inscrit dans la droite ligne des doctrines prophylactiques les plus fraîches : en dernier lieu, une étude parue dans la revue « Science » (15 novembre) concluait que « le fait d'accroître le niveau d'immunité de la population, en vaccinant les premiers intervenants, ou en permettant aux personnes de se faire vacciner si elles le souhaitent, rendrait l'effort postérieur à l'attaque beaucoup plus efficace ». En outre, « avec des niveaux d'immunité accrus dans la population, estimait le Pr Elizabeth Halloran, cibler les personnes en contact avec le virus de la variole pourrait devenir une alternative de choix à la vaccination de masse ».
C'est donc pour cette alternative qu'en toute logique le président américain a opté. « J'ordonne que les militaires et les autres personnels au service de l'Amérique dans les régions très risquées du monde soient vaccinés contre la variole, a-t-il déclaré. Les hommes et les femmes qui sont sur le front d'une possible attaque biologique doivent être protégés. »
Les personnels de santé qui se trouveraient en contact immédiat avec le virus en cas d'une attaque terroriste contre les Etats-Unis devront également se faire vacciner, « sauf ceux qui refusent de l'être », a précisé M. Bush, lors d'une déclaration télévisée depuis la Maison-Blanche.
Le président vacciné, mais pas sa famille
Rappelant que « ce vaccin présente un petit risque de complications sérieuses », il a souligné qu'en tant que commandant en chef des forces armées américaines il se ferait lui-même vacciner, mais que sa famille et les membres de son administration ne le seront pas.
La vaccination massive et obligatoire des 280 millions d'Américains est donc écartée. Quitte, indique M. Bush, à ce qu'il puisse y avoir « certains citoyens qui insistent pour se faire vacciner dès maintenant : les autorités sanitaires leur permettront de le faire ».
Les Etats-Unis sont, quoi qu'il en soit, le premier pays à reprendre la vaccination contre la variole, une maladie que l'Organisation mondiale de la santé a déclaré éradiquée en 1980. Selon George W. Bush, depuis l'attaque du 11 septembre 2001 contre New York et Washington, « les Américains sont contraints de se préparer à plusieurs menaces (...) L'un des dangers potentiels pour l'Amérique est l'utilisation du virus de la variole comme arme terroriste ».
En France, Aventis-Pasteur, à l'instigation des pouvoirs publics, vient de valider un vaccin de deuxième génération, beaucoup plus pur que celui qu'utilisent les Américains. « Nous sommes prêts, déclare au "Quotidien" le Dr Robert Sebbag, porte-parole du premier fabricant mondial de vaccins ; nous attendons que l'Etat nous passe une éventuelle commande, sachant qu'une année sera nécessaire entre le lancement de la production et la mise en circulation des premières doses. »
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