Les données publiées dans le « BEH »*, révélant les cas graves de varicelle et les décès, « permettent de nuancer la notion classique de bénignité de la varicelle », indiquent V. Levrat et D. Floret. Elles donnent une estimation des taux d'hospitalisation en réanimation pédiatrique (2,6/100 000 varicelles/an) et des décès (0,4/100 000 varicelles/an). Elles estiment aussi que, à la lumière de ces chiffres, « la France devra réexaminer sa position vis-à-vis de la vaccination contre la varicelle », qui n'est recommandée que chez les enfants immunodéprimés ou présentant une pathologie sous-jacente.
L'enquête rétrospective, menée à l'aide de questionnaires, a concerné quarante et une unités de réanimation pédiatrique susceptibles d'accueillir des varicelles graves, menaçant le pronostic vital. Le nombre de cas recensés entre 1998 et 2001 est de 68, et 10 décès sont survenus ; 97 % des enfants ont moins de 5 ans, pour des âges variant entre 1 mois à 11 ans (3 ans d'âge moyen). On retrouve une pathologie chronique dans 16,7 % des cas plus 7 % d'immunodéprimés.
Complications bactériennes, neurologiques, pulmonaires...
Les complications bactériennes dominent (32 cas) chez des enfants de moins de 5 ans, pour la plupart. Streptococcus pyogenes a été isolé dans 14 cas, suivi par Staphylococcus aureus dans 9 cas, occasionnant des atteintes de la peau et des tissus mous. Ce qui est associé à 5 varicelles nécrotiques, 4 pyodermites, 4 cellulites, 4 syndromes de la peau ébouillantée et 3 fasciites nécrosantes, dans un groupe où il n'y avait pas d'immunodéprimés, mais 32 porteurs de pathologies chroniques.
Les pathologies neurologiques viennent en deuxième position (26 cas), dont 10 encéphalites (60 % chez des enfants de plus de 5 ans), 5 convulsions fébriles isolées, 4 méningites, 4 cas de troubles du comportement isolé persistant, 2 thromboses vasculaires et 1 syndrome de Reye.
Les atteintes pulmonaires suivent (21 cas) : 10 pleuro-pneumopathies, 7 pneumopathies, 2 syndromes de détresse respiratoire aiguë et 2 pleurésies. Chez 4 enfants, ces complications peuvent être considérées comme directement liées au virus varicelleux.
On a aussi répertorié 6 cas de thrombose vasculaire : 3 Purpura fulminans, 2 thromboses artérielles et 1 veineuse. Dans 4 cas, elles étaient associées à des troubles de la coagulation et ont conduit à des séquelles sévères (2 amputations et 1 Locked-in Syndrome).
Les auteurs mentionnent la prise d'AINS chez 18 enfants (38 %), plus fréquemment associées aux infections cutanées (13 cas, à la limite de la significativité, avec p = 0,055) qu'aux complications non bactériennes (5 cas).
« Lors d'une infection bactérienne, le risque qu'elle soit due à Streptococcus pyogenes plutôt qu'à un autre germe est significativement plus important chez les enfants exposés aux AINS (p = 0,036) », indiquent les auteurs.
En adoptant un principe de précaution, on pourrait envisager une mise en garde contre la prescription des AINS dans la varicelle et inciter à ce que les cas graves associés à ces médicaments soient déclarés en pharmacovigilance, conseillent les auteurs.
Une corticothérapie récente est notée dans 14 cas et 2 décès (hépatite fulminans et méningite) sont déplorés.
L'étude de l'évolution recense 16 cas de séquelles à long terme (4 bénignes et 12 sévères).
* « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », n° 09/2003.
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