DE NOTRE CORRESPONDANT
LE DR ELIZABETH Hingant n’est pas peu fière du clin d’œil adressé à Roselyne Bachelot… Lors de la visite de la toute nouvelle maison médicale de garde du Pays de Vannes en compagnie de la ministre de la Santé en juillet dernier, elle a pris soin de montrer les masques en libre service dans la salle d’attente. « Signe que les médecins généralistes se préoccupent de santé publique », souligne l’initiatrice de cet équipement qui vient d’être inauguré.
Avec ce médecin, déléguée régionale de MG-France en Bretagne, le message politique n’est jamais loin. Pourquoi une cinquième maison médicale de garde dans le Morbihan ? « Je n’ai eu qu’un désir : que la contrainte de la permanence des soins devienne une occasion pour les médecins généralistes du Pays de Vannes de se réorganiser et que le volontariat soit respecté grâce à une organisation collective », explique le Dr Hingant. Comment définir le type de cette MMG ? « Le projet est une Unité Territoriale d’Organisation Professionnelle, Innovante et d’Enseignement comme UTOPIE… », répond-elle.
Réactivité.
Voilà pour le concept. Sur le terrain, le médecin généraliste et ses confrères sont bien « les mains dans le cambouis », comme ce jour de septembre lorsque la MMG est en plein aménagement dans ses locaux définitifs. Les huit médecins membres de l’association créée en février 2010 ont réussi le tour de force d’ouvrir le 1er juillet après avoir obtenu l’accord du FIQCS (fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins) le 18 mars. Il faut dire que l’augmentation de la population en été justifiait une grande réactivité. Mais, ce sont surtout les premiers résultats concernant la participation des professionnels qui ont été plus qu’enthousiasmants pour ses initiateurs.
Janvier 2010 : seulement douze médecins participaient à la garde. En juillet, ils étaient quarante. « La moitié des médecins volontaires viennent du centre-ville de Vannes, ce qui bat en brèche certaines idées fausses, souligne le Dr Elizabeth Hingant. Cette situation a d’ailleurs créé quelques tensions avec SOS Médecin qui avait l’habitude de reprendre les gardes. »
Pour la présidente de l’association, l’expérience doit aller bien plus loin que la seule question de la permanence des soins. Le modèle imaginé répond à une certaine vision prospective de la médecine générale. Le chiffre des remplaçants a été volontairement limité pour ne pas empêcher les titulaires de participer à nouveau à la garde. Et la place des jeunes médecins n’est pas que fonctionnelle. Un des quatre remplaçants, Céline Bonnaure, effectue ainsi sa thèse sur la maison médicale de garde de Vannes. « Si l’on n’est pas formés à l’urgence, on appréhende ce type de situation et on ne veut pas participer à la permanence des soins », précise cette jeune femme.
Autre objectif affiché : « retisser un lien ville-hôpital trop longtemps distendu ». L’implantation sur le site du Centre hospitalier de Bretagne Atlantique, et la proximité avec les urgences, la radiologie et le laboratoire de biologie, auxquels les généralistes ont accès, doit permettre à la structure de « trouver sa place au sein de l’hôpital ». Plus largement encore, pour répondre aux patients qui souhaiteraient voir un tel accueil étendu en journée, le Dr Hingant verrait bien la MMG organiser cette continuité des soins…
Mais, pour concrétiser ces ambitions, il faudra d’abord obtenir de l’agence régionale de santé (ARS) le financement d’un accueil infirmier et de la fonction « managériale » accomplie par les membres du bureau de l’association.
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