À OPIO, le directeur général de l'assurance-maladie, Frédéric van Roekeghem, s'est livré à un subtil exercice d'équilibrisme, entre messages d'espoir (reprise des négociations) et avertissements sur le caractère étroit des marges de manoeuvre à disposition. Interpellé sur la «paralysie» conventionnelle qui décourage les responsables syndicaux, y compris les plus investis, celui que le microcosme de la santé surnomme « Rocky » s'est montré offensif. Le moment est venu de relancer la machine contractuelle à tous les échelons. Une commission paritaire nationale (CPN) sera convoquée sur la maîtrise médicalisée, sans doute dès le 17 septembre. Rouages de la convention sur le terrain, les commissions paritaires locales vont également être réactivées sur tout le territoire, et le SML (qui s'était désengagé) a promis d'y reprendre sa place.
Reprise des négos le 25 septembre
Surtout, les négociations conventionnelles nationales, suspendues depuis fin juillet, vont enfin redémarrer, le 25 septembre, si les partenaires s'accordent sur cet agenda. Et le directeur a l'intention de reprendre langue avec les complémentaires santé pour avancer dans les discussions tripartites sur le secteur optionnel. «Les conditions pour le mouvement sont réunies», a résumé le patron de la Sécu, qui en appelle carrément à la «mobilisation générale» ! Des propos volontaristes qui ont soulevé quelques applaudissements, tant l'impatience est forte. Mais la médaille a son revers. Frédéric van Roekeghem ne minimise pas la difficulté de sa tâche. La conjoncture économique «se tend et le moment n'est pas simple», précise-t-il, dans un des euphémismes dont il a le secret. Les recettes de la Sécu seront «un peu moins dynamiques» dans les prochains mois. Et avec 4 milliards d'euros de déficit attendu de la branche maladie en 2008, la maîtrise des dépenses est plus que jamais un impératif pour le gouvernement. «Nous seront regardés sur nos résultats», insiste-t-il. Or, si certains indicateurs sont «encourageants» (antibiotiques), d'autres sont très préoccupants (le «relâchement» sur les arrêts de travail par exemple). En 2007, rappelle-t-il, seulement 60 % des objectifs de maîtrise médicalisée avaient été atteints. Le taux de réalisation serait similaire cette année… Bref, la machine manque de carburant. «C'est plus facile pour moi lorsque j'ai des résultats très convaincants», réplique-t-il à un médecin qui s'étonne que le C soit toujours à 22 euros, la réforme des consultations (CCAM clinique), toujours dans les limbes et le secteur optionnel, une coquille vide.
Rien ne sera simple. Il va falloir cerner les priorités. Celles de la caisse sont énoncées : la prévention et le suivi des pathologies chroniques ; l'efficience des prescriptions (en s'appuyant sur les nouveaux travaux de la Haute Autorité en matière de hiérarchisation des traitements) ; le rééquilibrage tarifaire entre les spécialités (en commençant par «la médecine de premier recours et les spécialités cliniques», notamment par le biais de consultations lourdes, plus longues, majorées).
Il faudra surtout anticiper le retournement de la démographie médicale avec des mesures «opérationnelles» et apporter une réponse «structurelle» à la question des dépassements. Le directeur promet enfin une réflexion sur la place et le rôle de certaines spécialités (pédiatrie, psychiatrie) dans le parcours de soins. Dans la salle, les avis sont partagés. Un médecin lui reconnaît sa «ténacité», son voisin admire surtout sa «langue de bois»… Un autre lâche, circonspect : «Avec Rocky, c'est toujours pareil: il a des idées intéressantes, mais pas beaucoup de pétrole.»
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