CE QUI FRAPPE dès l'entrée dans la première salle du musée Jacquemart-André, qui réunit les portraits que Van Dyck réalisa lors de ses débuts à Anvers, où il devint, à 18 ans, le second de Rubens, c'est le sentiment d'austérité mêlé à une atmosphère de douceur, la noblesse hiératique (inspirée de la Renaissance italienne et plus particulièrement de la peinture vénitienne) paradoxalement expressive. Les majestueux bourgeois flamands, dont l'habit noir contraste étonnamment avec les cols de dentelle immaculés, ont déjà l'oeil qui pétille et le corps qui s'exprime (audaces de certaines postures, grâce des mouvements, comme dans le somptueux « Portrait de famille »). Et tout l'art de Van Dyck est ainsi fait : à la fois figé et énergique, robuste et raffiné, bourgeois et princier.
Le génie du peintre explose lors de son voyage en Italie dans les années 1620, où il devient le «pittore cavalieresco», incarnation du peintre gentilhomme. Dans son « Autoportrait », l'artiste d'Anvers se représente avec une spontanéité et une fraîcheur remarquables ; on appréciera la douceur des traits et la finesse de l'expression. À la cour d'Angleterre, où il est appelé en 1632, Van Dyck devient le portraitiste de Charles Ier, des Stuart et de l'aristocratie britannique. Là encore, le peintre excelle à traduire la dignité de ses sujets tout en les rendant profondément humains, dans un subtil équilibre (voir la ravissante esquisse « Portrait des princesses Elizabeth et Anne » ou le célèbre « Portrait de Charles Ier en habit de l'ordre de la Jarretière »). Les personnages livrent fréquemment leur âme et leurs émotions. Ils sont plus accessibles, moins posés, moins figés et nous apparaissent familiers.
L'exposition, sobre et élégante, nous mène à la rencontre d'une brillante galerie de figures historiques. Van Dyck a su ennoblir n'importe quel caractère, qu'il s'agisse d'un roi ou pas. Son raffinement, la délicatesse de son pinceau, la profondeur de son regard et sa grandeur d'âme ont considérablement fait évoluer l'art du portrait.
Musée Jacquemart-André, 158, bd Haussmann, 8e. Tél. 01.45.62.11.59. Tlj de 10 h à 18 h (lundi jusqu'à 21 h 30). Entrée : 10 euros (TR : 7,30 euros). Jusqu'au 25 janvier 2009.
A lire : catalogue 183 p., 39 euros, éd. Fonds Mercator.
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