L'UNE des armes proposées pour combattre la grippe aviaire, et par là même une éventuelle pandémie humaine, est la vaccination des volailles. L'idée étant de réduire la transmission à l'intérieur des poulaillers, puis entre élevages, limitant de ce fait la dissémination du virus. Cette idée, pour séduisante qu'elle soit, manque d'une base solide : le vaccin réduit-il la transmission entre les animaux, et dans quelles proportions ?
Telle est la tâche que se sont fixée des chercheurs néerlandais (J.A. van der Goot et coll., Wageningen). Ils ont utilisé des lots de poulets dans un protocole dit d'expériences de transmission, mettant en présence des volatiles vaccinés puis infectés et d'autres non protégés. La chaîne infectieuse a pu de cette façon être suivie, notamment par des isolements de virus et des sérologies. Leurs résultats sont encourageants, puisqu'ils concluent que « la vaccination non seulement protège les poulets de la mortalité et de la morbidité, mais réduit aussi la dissémination du virus à l'intérieur des poulaillers dans une mesure telle qu'une épidémie majeure peut être prévenue ».
Le virus étudié au cours des transmissions était la souche A/Chicken/Netherlands/03 H7N7. Les vaccins injectés dans la cuisse des gallinacés étaient de type H7N1 et H7N3.
Les auteurs insistent sur la nécessité d'un délai avant que la contagion soit bloquée. Une semaine après la vaccination par H7N1, quelques contaminations sont encore observées dans le poulailler. Le virus injecté aux volailles vaccinées peut créer quelques infections secondaires, mais il ne peut plus guère se répandre de façon extensive. En revanche, ce constat n'est pas reproductible avec le vaccin de type H7N3. Le vaccin H7N1 se montre plus efficace, à ce terme, que le vaccin H7N3.
La susceptibilité du poulet sain, non vacciné.
La transmission entre les volailles, rappellent les Néerlandais, dépend de l'infectiosité du poulet infecté et de la susceptibilité de son homologue sain. L'un des indicateurs de cette infectiosité est la quantité de virus répandu et qui est réduite grâce au vaccin. Ce que confirment les essais de contamination à deux semaines. Lors de la mise en contact entre poulets vaccinés et non vaccinés, aucune contamination n'a été relevée, même lorsqu'ils étaient physiquement très proches. Ce qui suggère une forte réduction de l'infectiosité par le vaccin.
Une autre série d'essais montre que la vaccination réduit l'infectiosité des volailles immunisées, et qu'elle diminue la susceptibilité des poulets non infectés.
Ce constat amène les chercheurs à se poser une nouvelle question : y a-t-il une relation entre la réponse immune postvaccinale et la réduction de la contagion ? Ils répondent en constatant que, malgré de faibles taux d'inhibition de l'hémagglutination de 8 à 10 jours après le vaccin (soit de 1 à 3 jours après l'inoculation du virus), il existe déjà une considérable réduction de la transmission. De quoi penser que d'autres mécanismes immunitaires contribuent à cette protection ou qu'une faible inhibition de l'hémagglutination est déjà suffisante pour prévenir l'infection.
Un vaccin contre le virus H7N7 peut complètement bloquer la contamination dès la deuxième semaine et semble donc un outil efficace de prévention de dissémination de la grippe aviaire.
« Proceedings of the National Academy of Sciences » édition avancée en ligne.
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