Vaccination ROR : 25 départements dans le collimateur

Publié le 09/09/2001
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C OMME chaque rentrée, l'assurance-maladie (CNAMTS) et le Comité français d'éducation pour la santé (CFES) lancent une campagne nationale d'information sur la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Une action d'autant plus nécessaire qu'après avoir atteint 84 % en 1996, le taux de vaccination des enfants de 2 ans stagne depuis 1998 à 82 %. Or, il faudrait atteindre 95 % pour espérer interrompre la transmission de ces trois maladies, dont les complications peuvent être très graves.

Dans ce domaine, même si un rattrapage a lieu à partir de 7 ans, la France est très en retard par rapport à la majorité des autres pays européen. Alors qu'en Finlande et en Suède, ces maladies ont pratiquement disparu, on a recensé en 1999 dans l'Hexagone 16 814 cas de rougeole et 17 715 cas d'oreillons. Et l'on constate ces dernières années une hausse de l'âge moyen de contamination, donnée inquiétante puisque plus le sujet est âgé, plus les risques de complications sévères sont importants (broncho-pneumonies, panencéphalites sclérosantes, atteintes testiculaires et ovariennes entraînant la stérilité...).

Disparités régionales

Surtout, ce taux non satisfaisant cache des disparités régionales persistantes et graves. Car si aucun département français n'atteint le taux de couverture vaccinale recommandé par l'OMS, certains, comme la Seine-Saint-Denis, avec 92,8, s'en rapprochent, alors que d'autres, surtout dans le sud, en sont encore très éloignés. 25 départements* ont ainsi un taux de couverture vaccinale inférieur à 80 %, les cinq derniers de la classe étant la Haute-Savoie (69,7), le Vaucluse (69,3), la Haute-Saône (69,1), les Alpes-de-Haute-Provence (66,7) et le Lot (66,5). Les baromètres santé réalisés régulièrement depuis près de 10 ans montrent que les médecins et les patients du Sud restent moins sensibilisés à la pratique des vaccins en général et à la vaccination ROR en particulier.

Des messages sur les radios locales

A côté de la campagne nationale (annonces dans la presse, rediffusion des spots TV de 2000, brochures d'information et affiches diffusées par les médecins, pharmaciens et réseaux de l'assurance-maladie et du CFES), une campagne locale intitulée « Action Vaccination » est organisée dans les 25 départements retardataires. A partir d'aujourd'hui et jusqu'au 22 septembre, les radios locales alerteront les parents d'enfants de moins de 13 ans sur la situation vaccinale et les risques de la non-vaccination ; et ce avec deux messages distincts, l'un sur la protection des enfants (rougeole, oreillons, rubéole), l'autre sur la protection des jeunes filles et des jeunes femmes (rubéole). Parallèlement, un argumentaire « Action Vaccination » sera envoyé directement dans les foyers comportant au moins un enfant de moins de 13 ans, pour, espère-t-on, provoquer le passage à l'acte vaccinal. Les professionnels de santé et les structures locales sont appelés à se faire le relais de ces messages.
But de ces opérations : convaincre les parents mal informés sur les risques de ces maladies (13,6 % pensent qu'elles sont bénignes) ou qui craignent les complications des vaccinations (26 %). Convaincre aussi les médecins, alors que la proportion de ceux qui sont très favorables à la vaccination en général est en baisse (de près de 10 % entre 1994 et 1998 selon les données des baromètres santé généralistes). Quarante et un pour cent de médecins sont très favorables au vaccin ROR et suivent les recommandations du calendrier vaccinal** et seulement 3 % y sont défavorables et non vaccinateurs ; mais il reste 56 % de généralistes qui sont favorables tout en vaccinant selon les cas sans appliquer le calendrier vaccinal.
Un guide des vaccinations grand public devrait aussi prochainement voir le jour, réalisé à partir d'une étude qualitative sur la nature des freins à la vaccination et des leviers potentiels à son adhésion.

* Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Ariège, Aveyron, Bouches-du-Rhône, Charente-Maritime, Dordogne, Drôme, Gard, Haute-Garonne, Gers, Hérault, Isère, Jura, Haute-Loire, Lot, Lot-et-Garonne, Lozère, Orne, Hautes-Pyrénées, Haute-Saône, Tarn, Var, Vaucluse.
** Une première vaccination à partir de 12 mois, une seconde entre 3 et 6 ans ; depuis 1999, la vaccination ROR est prise en charge à 100 % jusqu'à l'âge de 13 ans.

Renée CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6963