« J’en appelle, une nouvelle fois, à la responsabilité, et je le dis, à l’esprit de solidarité et de civisme, en invitant chacun à aller vers son médecin traitant pour faire le bilan de ses vaccins et de ceux de son entourage », lance Nora Berra. Aujourd’hui, « la vaccination est insuffisante dans notre pays », prévient-elle. L’explosion actuelle de la rougeole, avec plus de 3 000 cas pour le seul mois de mars, alors que le nombre de complications neurologiques (12 encéphalites/myélites et 1 syndrome de Guillain-Barré) et de décès a déjà atteint le niveau de l’année 2010 inquiète. Cette évolution « peut être précurseur de ce qui pourrait survenir avec d’autres pathologies », prévient la ministre.
En effet les couvertures vaccinales restent en dessous des objectifs fixés par la loi de santé publique de 2004 : au moins 95 % pour les toutes les maladies à prévention vaccinale, sauf la grippe, pour laquelle l’objectif de 75 % doit être atteint dans tous les groupes ciblés par la vaccination.
Chez les enfants, l’objectif est atteint pour la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche, mais la couverture vaccinale est insuffisante pour la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, le pneumocoque et la méningite C. Chez les adolescents, « aucune vaccination n’atteint les 95 % de couverture vaccinale », souligne la secrétaire d’État. Et « une jeune fille sur deux en âge d’être vaccinée contre le HPV ne l’est pas ».
Chez les adultes, les couvertures vaccinales sont très insuffisantes dans toutes les études réalisées. Des données provisoires chez les personnes âgées de 65 ans ou plus, obtenues à l’issue d’une enquête téléphonique réalisée en janvier 2011 par l’Institut de veille sanitaire, montrent que seulement 48 % des sujets étaient à jour de leur rappel décennal diphtérie, tétanos, poliomyélite.
De plus, des disparités sont aussi observées en fonction des territoires. « Le sud de la France se vaccine moins que le nord », déplore la secrétaire d’État.
Plus préoccupant encore, selon Nora Berra, les couvertures vaccinales sont très inégales chez les professionnels de santé. Bonne pour les vaccins obligatoires (95 % pour le DTP, 91 % pour l’hépatite B et 95 % pour le BCG), la couverture vaccinale « est très faible pour les vaccinations recommandées », observe-t-elle. Selon les données disponibles, elle était en 2009 de 11,4 % pour le rappel décennal contenant la valence coqueluche, de 49,7 % pour au moins une dose du vaccin contre la rougeole, de 29 % pour la varicelle et de 25,6 % pour la grippe. « L’ensemble des professionnels de santé doit aussi montrer l’exemple à nos concitoyens pour mieux les convaincre », insiste Nora Berra.
Réflexion sur la stratégie.
En plus de l’appel adressé à chacun, à chaque foyer et à chaque famille, de regarder son carnet de santé et de faire le point sur ses vaccins, la secrétaire d’État à la Santé a décidé de lancer une réflexion globale sur la meilleure stratégie vaccinale. Des travaux vont être organisés avec les représentations professionnelles afin de mieux impliquer les médecins et retrouver la confiance des patients. Les syndicats de médecins libéraux seront également associés à ces travaux, « qui devront aboutir pour la rentrée », précise Nora Berra. En parallèle, le Haut Conseil de la santé publique va être saisi pour une réflexion plus technique, portant notamment sur une éventuelle simplification du calendrier vaccinal et sur le statut de certaines vaccinations. « On peut se demander si le fait que la vaccination contre la rougeole n’est pas obligatoire mais fortement recommandée n’a pas contribué à faire croire que cette vaccination est facultative », indique Didier Houssin, directeur général de la Santé.
La Semaine de la vaccination qui, pour la première fois, est organisée dans les 26 régions françaises, y compris les départements d’Outre-mer, est l’occasion de rappeler l’importance de cette vaccination. Pour la troisième année consécutive, la rougeole en est le thème prioritaire. Le programme des manifestations est disponible sur le site www.semaine-vaccination.fr et sur les sites des agences régionales de santé (ARS), chargées de piloter l’événement dans chaque région.
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