On se rappelle que certains travaux ont suggéré que le vaccin rougeole oreillons rubéole pouvait provoquer un autisme. En Californie, on a rapporté une coïncidence entre la pratique répandue de la vaccination et un accroissement des cas d'autisme ; on a aussi rapporté le cas d'enfants qui, peu après avoir été vaccinés, ont eu une régression du développement et des symptômes gastro-intestinaux ; le virus rougeoleux a été trouvé dans l'iléon terminal d'enfants ayant des troubles du développement et des troubles gastro-intestinaux mais pas chez des enfants sains n'ayant que des troubles gastro-intestinaux.
Le virus rougeoleux utilisé dans le vaccin est atténué ; normalement, il ne provoque pas de symptômes ou alors des symptômes très légers. Alors que le virus rougeoleux sauvage peut infecter le système nerveux central et même provoquer une encéphalomyélite postinfectieuse, probablement par le biais d'une réponse immunitaire aux protéines de la myéline.
Dans ce contexte, on a réalisé des études destinées à évaluer un lien entre ce vaccin et l'autisme ; elles n'ont pas été en faveur d'une association. Mais en l'absence de pouvoir statistique suffisant pour établir un lien, l'OMS et d'autres organisations ont réclamé d'autres études sur cette hypothèse d'un lien entre le vaccin et l'autisme. C'est dire tout l'intérêt de l'étude de cohorte danoise que publie le « New England Journal of Medicine » aujourd'hui.
Plus de 500 000 enfants
Ce travail rétrospectif, réalisé par Kreesten Meldgaard Madsen et coll., a porté sur tous les enfants nés au Danemark de janvier 1991 et décembre 1998. Le statut vis-à-vis du vaccin rougeole oreillons rubéole a été obtenu auprès du Danish National Board of Health. Enfin, des informations sur un autisme ont été obtenues auprès du registre danois des maladies psychiatriques qui contient des informations sur tous les diagnostics reçus par les patients dans les hôpitaux psychiatriques ou les cliniques pour patients ambulatoires.
Des informations sur de possibles facteurs confondants ont été obtenus par d'autres organismes.
La cohorte était composée de 537 303 enfants (soit 2 129 864 personnes-années) ; parmi eux, 440 655 (82 %) ont été vaccinés.
Les auteurs ont identifié 316 enfants avec un diagnostic de troubles autistiques (classification 299.00 du DSM IV) et 422 avec un diagnostic d'autres troubles du développement du spectre autistique (classifications 299.10 et 299.80 du DSM IV) autistique.
Après ajustement pour des facteurs confondants, le risque relatif de trouble autistique dans le groupe des enfants vaccinés, par rapport au groupe des enfants non vaccinés, a été de 0,92 ; pour les autres troubles du développement du spectre autistique, le risque relatif était de 0,83.
Il n'y avait pas d'association entre l'âge lors du diagnostic, le délai depuis le vaccin ou la date de vaccination et le développement de troubles autistiques.
De solides arguments contre
« Cette étude apporte trois solides arguments contre une relation causale entre le vaccin rougeole oreillons rubéole et l'autisme. Premièrement, le risque d'autisme était similaire chez les enfants vaccinés et non vaccinés. Deuxièmement, il n'y avait pas de regroupement temporel des cas d'autisme, à aucun moment après l'immunisation. Troisièmement, ni les troubles autistiques ni les autres troubles du spectre autistique n'étaient associés avec le vaccin. De plus, les résultats étaient issus d'une cohorte nationale avec des données de suivi presque complètes », concluent les auteurs.
« New England Journal of Medicine » du 7 novembre 2002, pp. 1477-1482.
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