Sur le plan biologique, il existe un faisceau d'arguments indiquant que le SV40 est capable de provoquer des cancers. Mais il n'est pas prouvé que l'exposition à ce virus par l'intermédiaire du vaccin antipoliomyélitique est réellement à l'origine de mésothéliomes, d'ostéosarcomes, de lymphomes non-hodgkiniens et d'épendymomes, les cancers suspectés qui sont tous rares.
Les treize études de populations réalisées sur le sujet n'ont pas montré d'augmentation significative des cancers chez les personnes qui ont reçu un vaccin contaminé par le SV40. Mais le lien ne peut pas non plus être écarté, car ces travaux se révèlent discutables sur les plans méthodologique et statistique. Et si le virus a été trouvé dans des tumeurs humaines, le lien causal n'est pas pour autant démontré.
« Etant donné les incertitudes, notre rapport propose une stratégie de recherche et suggère un processus pour éviter qu'une quelconque contamination d'un vaccin puisse se reproduire », indique Marie McCormick (Harvard School of Public Health, Boston). La première mesure serait de mettre au point des tests de détection sanguins standardisés et fiables.
Cultures sur reins de singes Rhésus et Cynomolgus
Dans les premiers temps de la production des vaccins antipoliomyélitiques, on a fait pousser les virus polio sur des cultures de reins de singes Rhésus et Cynomolgus. En 1960, les chercheurs se sont aperçus que ces tissus pouvaient être infectés par le SV40, virus inconnu jusque-là. Le SV40 occasionne une infection peu grave chez singes, notamment chez les Rhésus. Les cultures ont été débarrassées du virus et, dès 1963, les vaccins en ont été dénués. L'histoire raconte ensuite que le virus polio a été considéré comme éradiqué de l'hémisphère Nord après 1994. On espère obtenir bientôt une éradication mondiale. Les chercheurs estiment qu'entre 10 et 30 % des vaccins antipoliomyélitiques administrés aux Etats-Unis entre 1955 et 1963 ont été contaminés par le SV40, ce qui pourrait donner entre 10 et 30 millions de personnes ayant été en contact avec le virus simien. Mais en l'absence de tests biologiques spécifiques, il est impossible de déterminer combien de personnes ont été effectivement infectées.
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