«A cause de la grippe, ça serait trop bête que tout s'arrête ! » : pour la troisième année consécutive, c'est Pierre Tchernia qui va relayer le message de la Caisse nationale de l'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Le martèlement paye : l'an dernier, 22 % des Français se sont fait vacciner, contre 20 % l'année précédente.
Selon une étude réalisée sur un échantillon de 6 000 individus pour le compte du Groupe d'étude et d'information sur la grippe (GEIG), à l'issue de l'hiver 2000/2001, l'âge reste le principal critère de différentiation. Et l'impact du remboursement du vaccin chez les 65-69 ans, une mesure entrée en application pour la première fois l'an dernier, apparaît clairement : dans cette tranche d'âge, le taux de couverture vaccinale s'est envolé, passant de 36 à 57 %.
Les 75 ans et plus gardent le record du genre (73 %) et les 15-24 ans ferment le ban avec seulement 4 % de vaccinés.
Prise en charge pour les sujets atteints d'ALD
Le Fonds national de prévention, d'éducation et d'information sanitaires (FNPEIS, département santé publique de la CNAMTS) a donc décidé d'axer la nouvelle campagne sur les « jeunes seniors » qui n'ont pas encore acquis le réflexe vaccinal.
L'autre cible visée cette année, ce sont les sujets atteints d'affections de longue durée. Ils étaient 44 % l'an dernier à se faire vacciner (contre 48 % l'année précédente). Des chiffres beaucoup trop bas, malgré la prise en charge du vaccin depuis 1988, pour quiconque souffre d'une des ALD suivantes :
- diabète insulinodépendant ou non insulinodépendant ne pouvant être équilibré par le seul régime ;
- accident vasculaire cérébral invalidant ;
- néphropathie chronique grave et syndrome néphrotique pur primitif ;
- formes graves d'une affection neuro-musculaire (dont myopathie) ;
- mucoviscidose ;
- cardiopathie congénitale mal tolérée, insuffisance cardiaque grave et valvulopathie grave ;
- insuffisance respiratoire chronique grave (dont asthme inscrit sur la liste des affections de longue durée) ;
- déficit immunitaire grave nécessitant un traitement prolongé ;
- drépanocytose homozygote.
Au total, sur les quelque 675 000 personnes âgées de moins de 65 ans qui sont concernées par l'une de ces pathologies, moins de 300 000 se font vacciner. Or, chez ces sujets, la grippe peut entraîner non seulement une déficience cardio-respiratoire ou une surinfection, mais aussi augmenter le taux de morbidité et de mortalité. De surcroît, souligne le Pr Michel Galinier (CHU de Toulouse), « le virus de la grippe est la principale cause des myocardites virales dont nous avons pu observer une recrudescence ces dernières années ; une fois le processus de myocardite déclenché, aucun traitement étiologique n'est efficace et il faut se contenter d'une thérapeutique purement symptomatique en attendant une éventuelle amélioration ».
Au total, 112 spots de 20 secondes tournés par le rassurant Pierre Tchernia vont être diffusés sur les écrans de France 2 (environ 92 spots) et de France 3 (20 spots), entre le 24 octobre (veille de la mise en vente du vaccin dans toutes les officines) et le 17 novembre. A cette force de frappe télévisuelle s'ajoutera le renfort de la presse médicale, des Abribus Decaux, des stations FM locales, sans oublier les cabinets médicaux et les pharmacies, avec un matériel promotionnel important (affichettes 21 x 29,7, affiches 40 x 60, dépliants en deux volets, dépliants « professionnels de santé » en 4 volets et vidéocassettes du film télévisé pouvant être utilisées pour des circuits internes de télévision)*.
Cette année, l'Agence européenne d'évaluation médicale, à partir des recommandations édictées par l'Organisation mondiale de la santé, substitue à la souche B/Beijing la souche B/Sichuan, ce qui donne la composition suivante :
- une souche analogue à A/New Caledonia/20/99 (H1N1) ;
- une souche analogue à A/Moscow 10/99 (H3N2) ;
- une souche analogue à B/Sichuan/379/99.
Huit vaccins sont commercialisés au prix unique de 41,20 F (Fluarix du Laboratoire GSK, Fluvirine du Laboratoire Médéva, Immugrip du Laboratoire Pierre Fabre Santé Médicaments, Influvac de Solvay Pharma, Mutagrip d'Aventis Pasteur MSD, Prévigrip de Chiesi SA, Tetagrip d'Aventis Pasteur MSD, Vaxigrip d'Aventis Pasteur MSD).
Une épidémie d'une ampleur très faible l'an dernier
Par rapport aux années précédentes, l'hiver 2000-2001 se caractérise par une circulation peu intense du virus grippal. L'épidémie peut être décrite comme d'une ampleur très faible.
Elle a touché 1,7 million de personnes, selon le réseau Sentinelles de l'INSERM, majoritairement des enfants, et provoqué surtout des formes peu sévères.
Les formes à manifestations digestives (nausées, douleurs digestives, vomissements, diarrhées) ont été plus fréquentes que d'habitude.
Les trois quarts des adultes actifs qui ont été grippés ont bénéficié d'un arrêt de travail, en moyenne d'une durée de cinq jours. La consommation de tabac aggrave probablement l'impact médico-économique : la durée moyenne des arrêts de travail pour grippe est de 7,3 jours chez les fumeurs réguliers, au lieu de 4,9 jours chez les autres grippés. 23 % des arrêts de travail pour grippe chez les fumeurs réguliers dépassent 10 jours, alors que cette proportion est inférieure à 4 % chez les non-fumeurs ou les fumeurs occasionnels.
Le « coût direct moyen » d'un cas de grippe traité exclusivement en ambulatoire (honoraires médicaux, dépenses pharmaceutiques, examens complémentaires et dépenses d'auxiliaires médicaux) a varié pour l'hiver 2000-2001 de 200 à 500 F, selon l'âge de survenue et l'existence ou non d'une complication.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature