«TOUTE PERSONNE, même non médecin, est habilitée à utiliser un défibrillateur automatisé externe» (DAE), stipule le décret publié au « Journal officiel » du 5 mai. Il précise que les appareils concernés sont les défibrillateurs externes entièrement automatiques et les défibrillateurs externes semi-automatiques qui permettent d'effectuer :
«1°) L'analyse automatique de l'activité électrique du myocarde d'une personne victime d'un arrêt circulatoire afin de déceler une fibrillation ventriculaire ou certaines tachycardies ventriculaires.
2°) Le chargement automatique de l'appareil lorsque l'analyse mentionnée ci-dessus est positive et la délivrance de chocs électriques externes transthoraciques, d'intensité appropriée, afin de parvenir à restaurer une activité circulatoire. Chaque choc est déclenché soit par l'opérateur en cas d'utilisation du défibrillateur semi-automatique, soit automatiquement en cas d'utilisation du défibrillateur entièrement automatique.
3°) L'enregistrement des segments de l'activité électrique du myocarde et des données de l'utilisation de l'appareil.»
Le décret était très attendu. Il comble en effet un vide juridique puisque, jusqu'à présent, seule était encadrée par le code de la santé publique l'utilisation des défibrillateurs semi-automatiques par des personnels non médecins, à condition d'avoir suivi une formation initiale et continue. C'était un frein à la multiplication des DAE, dont on sait, notamment par l'exemple américain, qu'ils peuvent augmenter le taux de survie en cas d'accident cardio-circulatoire.
A l'école.
L'autorisation pour les non-médecins était recommandée notamment par l'Académie de médecine (« le Quotidien » du 2 février), laquelle insistait sur l'éducation du grand public. C'est aussi ce que demande le Dr Jean-Pierre Rifler, chef des services d'urgence du CHI Châtillon-sur-Seine-Montbard (Côte-d'Or), ville où a eu lieu une expérience pilote de formation qui a permis de faire grimper le taux de survie à 17 % (30 % aux Etats-Unis et 0 si rien n'est fait pendant dix minutes). La publication du décret «est une grande victoire, dit-il ; enfin, le citoyen devient acteur de sa santé, tout au moins devant la mort subite et dans les lieux équipés». Et il ajoute : «Il appartient maintenant à tous les décideurs (élus, responsables d'entreprises, responsables d'associations, particuliers...) de s'équiper et aux associations de parents d'élèves d'imposer la formation aux gestes de secours et au défibrillateur à l'école.»
Selon l'expérience du Dr Rifler, la formation doit être courte (1 heure), intervenir le plus tôt possible dans le cursus scolaire (10) et être renouvelée tous les ans.
Le décret publié le 5 mai prévoit une évaluation, organisée par le ministère de la Santé, des modalités d'utilisation des DAE, avec recueil de données sur la répartition géographique des appareils, leurs modalités d'utilisation et les personnes prises en charge. Un arrêté à paraître doit préciser les modalités de ce recueil.
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