LES ÉLECTIONS aux unions régionales des professionnels de santé (URPS) ont livré leur verdict. Tout au long de la journée de lundi, les agences régionales de santé (ARS) ont procédé au dépouillement d’un scrutin qui va sensiblement modifier le paysage syndical. Pour la première fois, les médecins étaient invités à s’exprimer pour élire leurs représentants dans trois collèges : le premier réservé aux généralistes, le second aux chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes-réanimateurs, le troisième aux autres spécialistes médicaux. Les résultats ont filtré tout au long de la journée dans les états-majors des centrales syndicales. Décision symptomatique du manque d’autonomie des ARS, le ministère de la Santé a centralisé l’ensemble des résultats du scrutin avant de les présenter très tard en fin de journée.
Premier enseignement de ce scrutin, la participation est sensiblement similaire à celle des dernières élections aux URML. En juin 2006, 50,4 % des généralistes et 41,1 % des spécialistes avaient retourné un bulletin de vote. Sur l’ensemble des trois collèges cette année, la participation approchait les 45 % selon le ministère de la Santé. La participation a dépassé les 47 % chez les généralistes et les chirurgiens et atteint 40 % pour les autres spécialistes. De nombreux dysfonctionnements enregistrés ces derniers jours lors de l’acheminement du matériel électoral ont compliqué la participation de centaines d’électeurs dans plusieurs régions (« le Quotidien » du 4 octobre).
Second enseignement : les résultats de ce scrutin vont aboutir à une recomposition syndicale. Sur l’ensemble des trois collèges, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) conforte sa position de premier syndicat de médecins. Sa campagne, axée sur le rejet de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) a porté ses fruits. La Confédération recueille plus de 33 % des voix. Le Syndicat des médecins libéraux (SML) réalise une très importante progression, fruit d’une campagne de terrains, de 400 réunions d’informations menées depuis plus d’un an, et de l’union avec des candidats d’Alliance dans le 2e collège. Après avoir subi un revers en 2006 avec 12,7 % des voix, le syndicat signataire de la convention s’est également présenté en contestataire de la loi Bachelot. Il réalise un très bon score de 22,6 %. L’axe CSMF-SML semble avoir de beaux jours devant lui.
Recul de la FMF sur l’ensemble des collèges.
La Fédération des médecins de France (FMF) enregistre un recul de près de 10 points sur l’ensemble des collèges. Avec 16,7 % des voix, le syndicat du Dr Régi paie le manque de clarté de son discours et son soutien à la loi Bachelot. Il pâtit de l’absence de listes dans de nombreuses régions de la percée du BLOC dans le 2e collège. Présent dans 12 régions, Union Collégiale réalise un score de 3 %-4 % dans le collège généraliste, ce qui ne lui permettra pas de décrocher la représentativité syndicale. Une représentativité que vont gagner la FMF chez les généralistes, avec 15 % des suffrages, et le BLOC chez les spécialistes mais que va perdre le syndicat Alliance.
Chez les généralistes, MG France termine en tête. D’abord principal soutien de la loi HPST, le syndicat a viré casaque en même temps qu’il changeait de président en janvier 2010 et portait à sa tête le Dr Claude Leicher. Avec 30,2 % des voix, score très proche de celui de 2006, MG-France devance la CSMF (26,5 %), le SML (19,2 %), Union Généraliste-FMF (18,6 %) et Union Collégiale (moins de 4 %).
Dans le collège spécialiste, la CSMF est très largement en tête avec 51 % des voix devant le SML (31,9 %), la FMF (15,1 %) et Union Collégiale et Alliance (1 % chacun).
La Fédération des médecins de France est la grande perdante de ce scrutin. Elle ne parvient pas à rééditer ses résultats de 2006 qui en avaient fait la deuxième force syndicale du pays.
Enfin, dans le troisième collège, le BLOC, nouvelle organisation composée du SYNGOF, de l’AAL et de l’UCDF, réalise un résultat spectaculaire. Un raz-de-marée puisqu’il remporte 57,9 % des suffrages dans le 2e collège. Le BLOC parvient dans de très nombreuses régions à décrocher bien au-delà de la moitié des suffrages. Il recueille ainsi 69 % des suffrages en Rhône-Alpes, 63 % en Île-de-France, 51,5 % en Nord-Pas-de-Calais, 60 % en Aquitaine, 57 % dans les Pays de la Loire, 64 % dans le Centre…
Ce résultat témoigne, selon le Dr Philippe Cuq, de la légitimité d’un collège spécifique pour les spécialistes des plateaux techniques mais aussi des fortes attentes des professionnels des blocs opératoires sur des sujets primordiaux comme la responsabilité civile professionnelle (RCP) ou la problématique des tarifs… Dans le 2e collège, le BLOC devance très nettement la CSMF (18,3 %), le SML (14,7 %), la FMF (7,3 %) et Union Collégiale (1 %).
Les résultats de ces élections, qui donnent la part belle aux opposants de la loi HPST (CSMF et SML), peuvent être perçus comme un désaveu de la politique de santé du gouvernement. Celui-ci devra en tenir compte avant l’ouverture des prochaines négociations conventionnelles. Le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, a appelé le gouvernement à changer de politique.
Quotimed.com, le 04/10/2010
Voir aussi :
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