Mme D a consulté cet été ; CMU jusqu’au 31.10.2010, carte vitale à jour, FSE correctement rédigée. La SS n’a réglé que la part AMO : il m’a fallu adresser une feuille de réclamation pour être réglé de la part AMC, ce qui a eu lieu. Je m’en suis rendu compte 15 jours après, en ouvrant son dossier, quand elle est revenue en consultation. Récidive pour cette nouvelle consultation, nouvelle réclamation. L’informatique est faite pour simplifier, l’informatique des caisses se dégrade de jour en jour, en multipliant les démarches administratives non justifiées, à la charge du médecin, de par la faute de la caisse. Il y a quelque temps encore, une ligne téléphonique était dédiée pour régler les problèmes facilement. Cette époque est révolue, la SS oblige à faire des réclamations écrites pour corriger ses propres erreurs. Certification ISO 9001 oblige, je suppose.
Hier, Mme B consulte : de nouveau l’horreur ! deux consultations de cet été ont subi le même sort : absence de remboursement de la part AMC alors que les FSE sont correctes, que la CMU est à jour en carte et aussi sur le site AMELI ! double réclamation a effectué ! Nouveau constat ce jour identique sur un troisième patient ! le nombre d’erreurs de paiement en provenance des caisses semble exponentiel ces derniers temps ! en plus, il n’existe aucune concertation entre les caisses et les éditeurs de logiciels : si le rapprochement automatique des remboursements corrects des paiements des CMU est satisfaisant, le rapprochement des « indus » est une horreur la plus totale faisant perdre un temps infini, d’autant qu’ils sont mélangés avec des remboursements corrects.
MrC n’a plus la CMU depuis un certain temps, sa mère n’ayant pas renouvelé ses droits par négligence. Deux consultations pour lesquelles je fais du tiers-payant sur la seule part AMO, en espérant que le patient paye un jour le restant… Il revient la semaine dernière, sans attestation, un contrôle chronophage de ses droits sur le webmedecin montre qu’il n’a toujours pas de droits ouverts en CMU. Je fais donc une FSE en tiers-payant pour la part AMO, et il me règle les 3 parts complémentaires à sa charge.
Mais ce jour, je reçois un rejet de paiement pour ce patient ! je contrôle illico le webmedecin : j’apprends qu’il a la CMU aujourd’hui, mais pas depuis quand, ni jusqu’à quand, encore moins quel jour son dossier a été mis à jour sur site : « traçabilité » inexistante alors qu’on veut l’opposer aux médecins. Ainsi, je peux faire toutes les réclamations que je veux, je ne serais jamais payé sauf refaire une FSP rectificatrice après avoir revu et remboursé le patient, cela parce que le site webmedecin n’est pas mis a jour en temps réel sur les droits des patients, que le patient n’a pas encore reçu ses nouveaux droits, et que dans ce cas, la SS préfère pénaliser le médecin pris en otage.
Il y a longtemps, c’était bien avant la CMU, la caisse avait perdu une cinquantaine de mes demandes de remboursement en AMG. Elle me demandait de refaire toutes les feuilles, avec signature des patients. J’ai refusé, la revue LE GÉNÉRALISTE a publié mon courrier « à vous la parole » ; quelques jours plus tard, un des sous-directeurs de la caisse m’a appelé pour me dire qu’il avait très mal vécu mon courrier… en tout cas, merci à la revue, comme par hasard, la caisse a retrouvé toutes les feuilles manquantes, et j’ai été payé sans autre formalité. Je pense qu’aujourd’hui, ce ne serait plus possible, pire, le liquidateur aurait sans doute une promotion.
Tout ceci n’est qu’un exemple dans le domaine du tiers-payant, un détail pour certains, qui n’a rien à voir avec pratique médicale à laquelle nous devrions nous consacrer presque exclusivement ; j’aurais pu prendre un autre exemple, mais tout est comme cela dans tous les domaines, tant médical qu’économique ou administratif, tous les jours! Et la coupe est pleine…
Les caisses ont tout pouvoir sur les médecins . Un médecin envoie deux FSE au lieu d’une : la caisse attend, sans prévenir, et fait payer le médecin lorsqu’il y a de nombreuses erreurs, avec une amende de 10 % alors que le médecin n’a rien encaissé. (cas réel récent). La caisse fait des erreurs : le médecin doit pleurer au coup par coup, et dépenser de l’argent et du temps pour récupérer son dû.
Demain, outre la SS, les ARS auront tout pouvoir sur les médecins.
De toute évidence, le système de santé va subir une révolution. Et en attendant la transformation, la médecine de ville est volontairement affaiblie, cassée, le premier symptôme visible pour la population étant sa disparition dans les zones difficiles. Veut-on nous transformer en soldat de santé, à la solde des ARS et des caisses ? Veut-on transférer nos compétences sur des professions « intermédiaires » et sur les pharmaciens (rapport RIOLI de 2009) ?
Affaiblis, les médecins libéraux doivent-ils donner leur avis en apportant leurs voix aux syndicats ? n’ont-ils pas plutôt intérêt à faire confiance au pouvoir exorbitant des caisses, des ARS, à la future convention qui leur sera imposé ?
Demain, serons-nous encore des libéraux ? 30 % de médecins votant : aucun syndicat ne sera représentatif ; 60, 70, 80… %? cela voudrait dire que les médecins prennent conscience qu’avec eux il ne sera plus possible que les caisses aujourd’hui et demain les ARS décident et agissent sans nous et contre nous.
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