A l'appel de l'AMUHF, les médecins des services d'urgence et des SAMU continuaient, en fin de semaine dernière, à observer un mot d'ordre de grève. Ce mouvement a peu de répercussions sur le fonctionnement des services d'urgences dans la mesure où les médecins grévistes sont soit assignés, soit réquisitionnés par les autorités. « Mais, affirme le Dr Patrice Pelloux, président de l'AMUHF, cette grève est largement suivie. »
En poursuivant leur mouvement de protestation distinct de celui des praticiens hospitaliers, les urgentistes entendent obtenir satisfaction sur certaines revendications concernant les modalités du passage aux 35 heures. « Nous voulons que les dispositions sur les 35 heures s'appliquent à l'ensemble des médecins attachés vacataires, à temps plein ou à temps partiel (et pas seulement aux praticien hospitaliers) », souligne notamment le Dr Pelloux. Ces médecins vacataires sont, en effet, particulièrement nombreux dans les services d'urgences, notamment dans ceux des CHU. « Le progrès social doit concerner tous les médecins », insiste le président de l'AMUHF.
L'AMUHF souhaite que l'indemnité de sujétion qui sera versée aux médecins amenés à effectuer plus de 48 heures de travail par semaine (durée maximale théorique) soit de 300 euros (1 968 F) pour douze heures alors que le ministère de la Santé ne propose que 250 euros (1 640 F).
Enfin, l'AMUHF demande que les tableaux de service qui doivent fixer les tâches et les horaires de présence des médecins soient mieux tenus qu'à l'heure actuelle et surtout qu'ils soient opposables aux praticiens. « Cela permettrait de voir, par exemple, si les praticiens hospitaliers prennent ou ne prennent pas leurs as. » Il s'agit, dans l'esprit de l'AMUHF, de mettre un terme à l'opacité qui prévaut actuellement dans ce domaine.
Les concessions du ministère
Sur tous les autres points, l'association du Dr Pelloux reconnaît que le ministère a fait de notables avancées, notamment ces derniers jours. C'est notamment le cas en ce qui concerne le problème des gardes. D'abord, ces gardes seront prises en compte dans le temps de travail. « Autrement dit, un médecin qui prend quatre gardes de douze heures dans la semaine aura fait ses 48 heures hebdomadaires maximales », note le Dr Pelloux. Ensuite, l'indemnité de garde - qui est d'environ 1 200 F pour une garde de douze heures - et qui s'ajoute au salaire sera maintenue. Enfin, en ce qui concerne la réduction du temps de travail - qui se fera sous forme de 18 jours supplémentaires de repos par an -, le système du « compte épargne temps » sera, se réjouit le Dr Pelloux, extrêmement souple. Les médecins pourront prendre ces jours sur une base mensuelle, trimestrielle semestrielle, ou les bloquer sept années au maximum ; ce qui, alors, leur permettrait de bénéficier d'une année sabbatique rémunérée.
Malgré ces avancées, l'AMUHF estime que les revendications non encore satisfaites justifient son mot d'ordre de grève.
Conflit avec les intersyndicales
Dans les négociations sur les 35 heures des médecins hospitaliers qui se déroulent actuellement entre le ministère de la Santé et les quatre intersyndicales de praticiens hospitaliers (la CHG, l'INPH, la CMH et le SNAM-HP), l'AMUHF fait bande à part. Cette association qui n'appartient à aucune intersyndicale ne participe pas directement aux discussions, ce qui ne l'empêche pas d'avoir des contacts fréquents avec le ministère.
Elle est surtout extrêmement critique vis-à-vis des intersyndicales. « Ces organisations ne représentent pas grand-chose, affirme le Dr Pelloux. Elles prétendent être des syndicats, mais combien d'adhérents à jour de leurs cotisations ont-elles ? Comment fonctionne leur démocratie syndicale ? De quelles assemblées générales leurs responsables tiennent-ils leur mandat ? » Les urgentistes de l'AMUHF reprochent aux négociateurs de ne pas retranscrire fidèlement les propositions du ministère. Ils ont laissé croire, notamment, que l'indemnité de garde allait être supprimée. Un reproche que Bernard Kouchner n'est sans doute pas loin de partager.
Un renouveau du syndicalisme
Plus globalement, l'AMUHF - qui appelle « à un renouveau du syndicalisme des médecins hospitaliers » -, fait grief à ces syndicats de ne défendre que les intérêts des praticiens hospitaliers (PH) et de négliger les autres médecins, en particulier les urgentistes qui n'ont pas un statut de PH. « Est-ce si scandaleux de demander à nos médecins hospitaliers de nous reconnaître et de reconnaître notre activité 24 heures sur 24 ? », s'insurge le Dr Pelloux. Ayant conscience de la place stratégique qu'ils occupent dans le système de soins, de leur popularité dans l'opinion - encore renforcée par leurs interventions à Toulouse - et de l'affection que leur porte Bernard Kouchner, les urgentistes espèrent peut-être faire aboutir leurs dernières revendications concernant les 35 heures.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature