Les chefs des services d'urgence de l'AP-HP, qui se sont réunis il y a quelques jours, ont décidé à l'unanimité de se rallier au mot d'ordre de grève des médecins urgentistes. Si bien que l'AMUHF peut annoncer que la grève est suivie à 90 % dans l'AP-HP, et réfléchit même à une extension du mouvement au niveau national.
Il faut dire que les esprits s'échauffent à l'approche de l'été, et certains ne verraient pas d'un mauvais œil ce conflit devenir un « problème de santé publique ». Car pour les urgentistes hospitaliers, les choses sont simples, surtout quant elles sont expliquées par le président de l'AMUHF, Patrick Pelloux : « Nous demandons simplement l'application des textes de loi sur les 35 heures ainsi que la directive européenne sur l'intégration des gardes dans le temps de travail hebdomadaire ; au ministère et dans les administrations de tutelle, chacun se renvoie la balle, et on ne nous propose rien d'autre que d'attendre. On pense que la stratégie du gouvernement est de déstabiliser l'hôpital public pour nous contraindre à une restructuration forcée. »
Du coup, les urgentistes, qui, au passage, ne sont pas peu fiers que la grève n'ait entraîné aucune dégradation de l'offre de soins ( « aux urgences, il n'y a pas de différence entre le service normal et le service minimal »), réfléchissent à des stratégies pour faire entendre raison à leurs interlocuteurs. Dernière idée en date : prendre appui sur l'arrêté du 30 avril dernier, relatif à l'organisation et à l'indemnisation de la continuité des soins paru au « J.O. » du 2 mai, pour refuser formellement d'effectuer des plages additionnelles de travail au-delà des 48 heures hebdomadaires. L'AMUHF propose sur son site Internet (1) un « modèle de lettre pour refuser le volontariat sur les plages additionnelles » à adresser au chef du service des urgences et au directeur de l'hôpital.
Christophe Prudhomme, responsable du collectif des médecins des SAMU d'Ile-de-France, explique la stratégie : « Si les urgentistes ne font plus que 48 heures hebdomadaires, ça va créer une situation quasi intenable, et les pouvoirs publics seront bien obligés de constater la légitimité de nos revendications. »
Des revendications qui s'étoffent au fil du temps : « Ce dernier week-end nous aura permis d'achever notre évaluation des besoins en médecins urgentistes pour l'Ile-de-France, précise Patrick Pelloux ; la fourchette est de 500 à 1 000 postes supplémentaires, et correspond à la demande des chefs de service et non des seuls médecins urgentistes. »
Aujourd'hui, lundi 12 mai, l'AMUHF doit procéder à une consultation de l'ensemble de ses représentants en vue d'un éventuel passage à la grève nationale. L'extension du mouvement pourrait être décidée au cours de l'assemblée générale des urgentistes hospitaliers qui se tiendra à 19 heures à l'hôpital Saint-Antoine.
(1) www.amuhf.com
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