Le mouvement de grève nationale des urgentistes hospitaliers de lundi dernier aura été suivi par environ 60 % des médecins, selon Frédéric Pain, secrétaire général de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF).
Une moyenne qui cache de grandes diversités, car certaines régions, comme l'Aquitaine, ont obtenu des scores proches de 100 % alors que d'autres, comme le Nord, n'ont enregistré que de faibles mobilisations.
En Aquitaine, le délégué régional de l'AMUHF, Arnaud Boudousse, annonce que « la grève va se poursuivre de manière illimitée, car dans notre région, il y a 25 services d'urgences, tous en sous-effectif, et il n'y a eu que 5 créations de postes en 2003 ».
Pour ce qui est de la région parisienne, une assemblée générale devait décider de la poursuite ou non de la grève, « il y a 50 % de chances qu'on la poursuive, explique Patrick Pelloux, président de l'AMUHF, mais tout dépendra de savoir si les avancées faites par l'ARHIF et l'AP-HP se confirment ; au mieux, on suspendra le mouvement sans l'arrêter ». Car lundi, les représentants de l'AMUHF ont négocié presque toute la journée avec l'ARHIF et l'AP-HP au siège du ministère de la Santé, et quelques avancées, aux dires mêmes de l'AMUHF, ont été enregistrées : il a en effet été proposé une « mise à niveau des statuts avec intégration progressive des médecins à statut précaire, même pour les médecins étrangers », et un comité de suivi copiloté par l'AMUHF, l'ARHIF et l'AP-HP se réunira au moins une fois par mois pour mesurer sur le terrain cette mise à niveau. Enfin, l'AP-HP et l'ARHIF ont confirmé aux urgentistes hospitaliers que 171 postes seraient créés en Ile-de-France pour l'année 2003, en plus des mises à niveau promises.
Dans la région Nord, en revanche, la grève, qui avait été peu suivie ne sera pas reconduite car, selon Patrick Pelloux, les urgentistes ont « à peu près obtenu ce qu'ils demandaient ».
Reste que cette grève commence à faire sentir ses premiers effets secondaires : pour Frédéric Pain, le problème qui se pose, « c'est la lassitude des médecins urgentistes à qui on ne propose rien, et qui pourrait déboucher sur une fuite vers le privé avec, à la clé, une aggravation de la situation aux urgences ». Quant à Patrick Pelloux, il laisse percer au fil de ses propos un certain énervement : « Tout l'honneur des médecins urgentistes, c'est d'être responsables et de ne faire grève qu'à la japonaise. Mais Jean-François Mattei aurait tort de croire que, puisqu'on ne bloque pas le système, on n'est pas crédibles ; ça fait un an qu'on attend, Mattei a commandé un grand nombre d'études et de rapports, il est grand temps de passer à l'action. »
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