Les urgences en ORL recouvrent les urgences de la tête et du cou, c'est-à-dire toutes les pathologies intéressant les voies aériennes supérieures et la pathologie cervicale. Les urgences ORL en médecine générale sont classées le plus souvent par leurs symptômes (vertige ou malaise, fièvre ou douleur de la sphère ORL), elles sont d'origine infectieuses, neurovestibulaires, hémorragiques ou traumatiques. Parmi celles-ci, on distingue :
La sinusite aiguë. Elle fait partie des urgences ORL infectieuses diagnostiquées au cabinet du médecin généraliste. Les critères diagnostiques sont : une évolution de moins de trois semaines, une douleur unilatérale déclive, une rhinorrhée purulente, une inefficacité des décongestionnants, des sécrétions purulentes postérieures, une transillumination anormale et une anosmie.
La radiologie des sinus est non spécifique, puisque des opacités sinusiennes peuvent exister lors d'un banal rhume. Son interprétation est donc à moduler en fonction des critères cliniques. Le Blondeau garde un intérêt pour éliminer la sinusite frontale. La tomodensitométrie ne se justifie pas en première intention d'une sinusite maxillaire aiguë.
Une antibiothérapie pas toujours indispensable
« Le traitement antibiotique est non indispensable selon les données d'une étude publiée dans le "British Medical Journal" qui indique que 40 % des sinusites aiguës guérissent spontanément, affirme le Dr Dung Dam Hieu. Si un traitement est instauré, il comportera une céphalosporine de 2e ou 3e génération, ou amoxicilline-acide clavulanique pendant classiquement dix jours. Le traitement adjuvant est constitué de décongestionnants associés ou non à des antihistaminiques et/ou à des anti-inflammatoires stéroïdiens. » Si les symptômes ne s'amendent pas au terme d'un traitement médical bien conduit, un contrôle bactériologique et un avis ORL seront alors nécessaires. Le scanner sera alors discuter en cas de douleur frontale ou en l'absence de sédation rapide de la symptomatologie.
La pathologie neurovestibulaire. Elle est dominée par l'apparition d'un vertige, le plus souvent, il s'agit d'un vertige positionnel bénin.
Ce vertige aigu est qualifié de faux ou de vrai. Le faux vertige est d'origine psychologique ou lié à des troubles hémodynamiques, cardio-vasculaires (lipothymies), métaboliques (diabète). Le vrai vertige est un trouble lié au système neurovestibulaire impliquant le vestibule, le système proprioceptif et auditif. L'examen clinique comprend la mise en évidence d'un éventuel syndrome vestibulaire avec présence d'un vertige ou d'une illusion rotatoire +/- positionnelle, un nystagmus vestibulaire spontané, une ataxie vestibulaire (déviation des index, Romberg), mais aussi d'un examen otoscopique comprenant une audiométrie pour éliminer les urgences cochléovestibulaires.
Décider l'hospitalisation
L'examen neurologique cérébelleux et des paires crâniennes est incontournable. Enfin, la symptomatologie sera replacée dans le contexte de « l'enveloppe du vertige » : s'agit-il d'un premier épisode ? quelle est son évolution dans les premières heures ?
Le traitement per os est difficile, car des vomissements coexistent souvent. Il faut alors administrer des anti-émétisants par voie I.V. L'hospitalisation se révèle urgente lorsque l'examen otoscopique et neurologique ne sont pas normaux avec présence de signes neurologiques mineurs, des céphalées, un nystagmus central, des signes auditifs ou non.
Les hémorragies (épistaxis, otorragies) et les traumatismes (faciaux, le plus fréquemment). Ils font partie des urgences ORL vus en médecine de ville. Dans le cadre d'une otorragie, il faut rechercher un contexte traumatique, un contexte infectieux, faire une épreuve au diapason (Weber) pour rechercher une surdité de transmission ou de perception. L'otorragie peut être maîtriser par la mise en place de « POPE ». Ce sont de petites éponges qui arrêtent l'hémorragie.
Les traumatismes faciaux concernent le plus souvent le nez et les dents. Tout traumatisé de la face doit avoir un examen neurologique.
La fracture du nez peut être réduite dans les huit à dix jours qui suivent le traumatisme, passer ce délai, il est trop tard. De même, la réimplantation des dents doit s'effectuer dans les six à huit heures après l'accident.
D'après la communication du Dr Dung Dam Hieu (hôpital Lariboisière, Paris).
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