Le patient décédé d'une crise cardiaque dans la nuit de mercredi à jeudi à La Chapelle-Saint-Ursin, et dont la famille a attendu plus d'une heure le SAMU (« le Quotidien » du 2 septembre), était mort dès le premier appel, ont assuré le directeur de l'hôpital de Bourges et le directeur du SAMU, au cours d'une conférence de presse.
Le médecin régulateur du SAMU a estimé qu'il n'y avait pas lieu d'envoyer une équipe du SMUR, mais un médecin généraliste pour constater le décès et assister la famille, ont-ils précisé. Le régulateur, un médecin expérimenté, s'est fondé sur le diagnostic du fils de la victime, qui avait déclaré au téléphone qu'il lui semblait que son père venait de décéder.
Un médecin de SOS-Médecins avait donc été contacté pour se rendre au domicile de la victime, mais il a fallu une demi-heure pour se rendre compte qu'il n'était pas disponible. Un autre médecin de SOS-Médecins était finalement arrivé une heure après le premier appel, juste après les pompiers, appelés par la femme de la victime vers 3 h 45. Les deux directeurs ont cependant reconnu qu'une durée d'intervention d'une heure n'était pas normale ; selon eux, cette lenteur ne serait « pas due à un défaut de moyens au centre hospitalier ».
Quel rôle pour la médecine libérale ?
Dans son rapport remis à la préfecture lundi, la DDASS du Cher indique que la convention répartissant les interventions entre les pompiers et le SAMU, en cours d'actualisation (laquelle fait suite à un premier décès similaire survenu dans le département en février), « sera signée avant la fin du mois et permettra des conditions d'intervention simplifiées et plus efficaces ». Une convention particulière définira également le rôle et les conditions d'intervention de la médecine libérale dans le dispositif des secours d'urgence. Par ailleurs, la préfète du Cher s'est fixé comme objectif de mettre en place un site unique et un numéro unique d'appel dans le département ; la première réunion de travail aura lieu dans les toutes prochaines semaines. La préfète a également demandé un audit de l'inspection générale des Affaires sociales (IGAS) sur l'assistance médicale d'urgence.
Réagissant à ce deuxième décès, l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF) souligne « la nécessité d'un fonctionnement harmonieux entre les différents acteurs de l'urgence : le SAMU, qui doit pouvoir réguler et avoir le contrôle des effecteurs (les hommes et les moyens techniques) , le SDIS (service départemental d'incendie et de secours) qui, par le maillage du territoire, peut garantir des premiers secours rapides, les médecins généralistes... »
Les pompiers vont plus loin, en insistant sur la « nécessité de redéfinir les missions des différents acteurs des urgences ». « Pour que des événements tels que ceux de La Chapelle-Saint-Ursin cessent de se renouveler », la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France demande « une modification de la répartition des compétences (actuellement, la voie publique pour les pompiers et le domicile pour le SAMU) , dans un sens plus réaliste, sur la base de critères liés à la nature et au caractère d'urgence de la situation ».
Pour lever les difficultés observées dans la chaîne d'alerte, MG-France confirme dans un communiqué que « tout le savoir-faire acquis de l'expérience sera largement mis à la disposition du groupe de travail » sur la permanence des soins mis en place par Jean-François Mattei (comme la cartographie des 3 100 tours de garde, ainsi que les résultats de la première année d'expérience de la maison médicale de garde de Gap). Le syndicat demande que tous les freins au déploiement rapide sur l'ensemble du territoire du dispositif d'astreinte volontaire et rémunéré des généralistes soient levés.
Une autre affaire récente, rapportée lundi par « Libération », met en cause le SAMU : dans la nuit de mardi à mercredi dernier, une Roumaine de 35 ans, enceinte de trois mois, souffrant de douleurs au ventre et de saignements, a fait une fausse couche seule dans sa caravane située sur un terrain en Seine-et-Marne, après que ses amis roumains eurent appelé les pompiers puis le SAMU. Après une heure trente d'attente, personne ne s'étant déplacé, les Roumains ont conduit la jeune femme à l'hôpital de Melun, où l'on n'a pas jugé l'hospitalisation nécessaire. C'est de retour à la caravane que l'avortement s'est produit. Une plainte a été déposée auprès du procureur de la République.
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