Dans une campagne présidentielle, la santé a souvent une place à part. Prioritaire aux yeux de l’opinion, le sujet est incontournable pour tout candidat qui se respecte. Mais trop sensible pour l’assuré et trop complexe pour le citoyen lambda, il reste un terrain mouvant sur lequel il ne faut surtout pas trop s’engager. Au final, le débat paraît donc souvent décevant et convenu, les candidats se bornant à de vagues promesses sur l’accès aux soins pour tous, la lutte contre la fraude, l’indispensable concertation avec les acteurs de santé ou le maintien de l’excellence de notre système de soins… Tout cela explique en partie les difficultés auxquelles se heurtent ensuite des réformes auxquelles ni l’opinion, ni les professionnels n’ont été préparés et encore moins associés.
L’édition 2017 fera-t-elle de ce point de vue exception ? À un an de l’échéance, ils sont en tout cas nombreux à se montrer impatients. Des think tanks se sont fait entendre pour presser les politiques de ne pas faire l’impasse sur les sujets de santé. Et les sondages en rajoutent, le dernier en date interrogeant les Français sur dix pistes de réforme. Si ça ne devait pas suffire à convaincre les politiques de s’aventurer sur ce thème, les récentes sorties de Marine Le Pen pourraient bien les y pousser. En grillant tout le monde cette semaine avec un début de programme santé, la leader frontiste a parfaitement compris, le profit qu’elle pourrait tirer du malaise des praticiens et de l’inquiétude d’une population vieillissante. Cet intérêt pour les blouses blanches est nouveau au FN, et même si les solutions demeurent basiques, on sort un peu de la boîte à outils frontiste du père fondateur…
Il reste pourtant à espérer que, dans la course à l’Élysée, le débat sur la santé n’en restera pas au niveau des affects. Il en va de la réponse aux défis de demain, parmi lesquels trois s’imposent comme des urgences. La question de la prise en charge de l’innovation est de ceux-là, qui pourrait à terme faire exploser notre système d’Assurance Maladie. Au-delà, c’est la place respective des financeurs qui est aussi à poser alors que les complémentaires privées sont en embuscade. Cela doit inévitablement s’accompagner d’une réflexion sur la refonte des recettes de la Sécu. Enfin, la relation entre les acteurs de santé est à l’évidence à redéfinir, entre la ville et l’hôpital bien sûr, mais aussi entre prescripteurs et prescrits. Tout cela touche aux statuts et aux périmètres des uns et des autres. Et suppose qu’au préalable chacun soit rassuré, donc suffisamment valorisé.
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