La loi HPST a été le support législatif qui a permis de créer des communautés hospitalières de territoire. Un outil qui bénéficie à certains petits établissements en danger. Cela a été le cas de l’hôpital de Tarare, petite ville de l’Ouest lyonnais. Avec un taux de chômage supérieur à 15 %, plus de la moitié des foyers vivant sous le seuil de pauvreté, ce bassin de population se trouvait dans une situation sanitaire problématique. D’autant que l’hôpital ne permettait pas un accès aux soins optimal, certaines spécialités médicales n’étant pas représentées dans l’établissement. C’est dans ce contexte qu’a pu se concrétiser un partenariat avec le centre hospitalier de Villefranche-sur-Saône, au travers de la création de la communauté hospitalière de territoire de l’Hôpital Nord-Ouest. Concrètement, des professionnels de santé de l’établissement de Villefranche vont faire des vacations à Tarare. C’est le cas de Sophie Morillon, jeune cardiologue, qui passe une journée par semaine à Tarare : « Je constate notre utilité, mais je ne me vois pas multiplier mes lieux d’exercice. Ce serait au détriment de Villefranche. »
Donnant-donnant
C’est peut-être pourtant ce qui pourrait arriver, puisque d’autres établissements ont d’ores et déjà sollicité leur adhésion à la CHT. Ainsi, liste, satisfait, Philippe El Saïr, directeur de la communauté hospitalière et de l’hôpital de Villefranche : « Tout d’abord un élargissement à l’hôpital psychiatrique de Saint-Cyr au Mont d’Or. Nous sommes aussi en réflexion avec un établissement gériatrique, de façon à renforcer la filière d’aval de Villefranche. » Mais il ne s’agit pas non plus de multiplier les collaborations, sans autre plus-value qu’une mutualisation des moyens humains. Ainsi, la CHT de l’Hôpital Nord-Ouest travaille sur « un urbanisme commun à la CHT, pour permettre à la population de percevoir concrètement que la qualité des soins sera la même d’un bout à l’autre de la CHT, puisque la CHT repose sur la mobilité des professionnels », explique Philippe El Saïr. Et de résumer : « Nous avons poursuivi trois axes : une CHT d’amont qui consistait à redensifier le bassin de santé de Tarare et à renforcer notre recrutement, une CHT d’aval et une CHT de décloisonnement entre la psychiatrie et le somatique. Si l’on intègre l’établissement gériatrique avec lequel nous sommes en réflexion, cela sera probablement la fin des frontières de la CHT. »
Chacun a à gagner dans ce travail, y compris le centre hospitalier de Villefranche-sur-Saône puisque les séjours ne pouvant être pris en charge à l’hôpital de Tarare par exemple doivent être prioritairement adressés au CH de Villefranche plutôt qu’à d’autres établissements. Un échange de bons procédés, grosso modo, le tout permettant de mieux répondre aux besoins de santé de la population concernée. Pour l’heure cependant, l’envoi de patients à Villefranche n’est pas systématique. Ainsi, rapporte Olivier Le Vavasseur, chef du pôle cardiologie, « nous ne récupérons pas encore les flux de patients qui vont naturellement à Lyon. On assure trois jours de permanence par semaine à Tarare, mais il y a encore peu de fluidité dans les transferts de malades, en amont ou en aval ».
Pas de fusion
Enfin, on notera que la CHT n’entend pas mettre l’établissement de Tarare sous la coupe de celui de Villefranche. L’identité de chaque établissement membre de la CHT doit être préservée. Tarare a conservé ses instances, son budget. En revanche, une commission de la communauté, composée de six personnalités a été installée, chargée de suivre le bon fonctionnement de la communauté et de formuler, le cas échéant, des propositions permettant d’améliorer la stratégie de la CHT.
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