LES ÉLECTIONS aux unions régionales de médecins libéraux (Urml) vont-elles sauver l’option médecin référent, jetée aux oubliettes par la convention sur le médecin traitant ?
C’est du moins l’espoir de l’Association nationale des médecins référents (Amedref, regroupant 500 praticiens), qui compte s’appuyer sur la «nouvelle donne syndicale» pour empêcher la fermeture définitive de ce dispositif créé en 1997 et choisi, selon la Cnam (Caisse nationale d’assurance-maladie), par 6 891 médecins généralistes exactement et un peu plus d’un million de patients.
De fait, les trois syndicats opposants à la convention (MG-France, la FMF-G et Espace Généraliste), qui totalisent 60 % des voix généralistes, ont – au-delà de leurs divergences – accordé leurs violons sur ce sujet précis. Tous exigent du ministre de la Santé le maintien dans leurs droits des généralistes référents. Le message est clair : ce dossier constitue un test de la volonté du gouvernement de prendre en compte le récent vote protestataire.
Un avenant dans les limbes.
Depuis la décision des partenaires conventionnels de supprimer l’option médecin référent à l’horizon 2006 (la nouvelle convention médicale signée début 2005 n’autorisait qu’un seul renouvellement des contrats), puis l’engagement non tenu d’un «avenant de convergence» avec le médecin traitant «au 15novembre 2005», ce dossier sensible joue l’Arlésiennes : souvent annoncé, jamais à l’ordre du jour. Mais certains veulent rouvrir de force le placard. «Les médecins référents ont été spoliés par la convention et depuis on n’a cessé de les trimbaler avec des promesses, tonne le Dr Christian Lehmann, célèbre généraliste-écrivain, membre de l’Amedref et d’Espace généraliste. Les médecins référents ont été mis dans un sac mais ils bougent encore!»
L’Amedref estime que, en attendant cette hypothétique convergence médecin référent-traitant «par le haut et non pas au rabais», la seule voie acceptable est la «prorogation» de l’option par avenant conventionnel, assortie du paiement des contrats actuels et de «la possibilité d’inclure de nouveaux patients».
A plusieurs reprises, le directeur de la Cnam, Frédéric van Roekeghem, a évoqué la mise en place d’une nouvelle «option» conventionnelle, ciblée sur la prévention et la santé publique, dans laquelle les médecins référents pourraient trouver leur compte, y compris financièrement. Les partenaires avaient même convenu de statuer à la mi-juin au plus tard (« le Quotidien » du 11 mai).
Mais ce projet n’aurait guère avancé, ce qui renforce les défenseurs du médecin référent dans leur conviction que les partenaires conventionnels veulent laisser le dispositif «mourir à petit feu». Pas d’écho non plus du côté du ministère. Pour le Dr Olivier Rozand, membre de l’Amedref et de MG-France, «après le temps des courriers rassurants et des promesses, Xavier Bertrand fait silence radio sur ce dossier gênant». Certains voient dans ce mutisme des pouvoirs publics une stratégie de pourrissement : faute de renouvellement possible des contrats, l’extinction de l’option sera inévitable au tout début 2007. Un chemin sans retour.
Zones de turbulences.
L’impasse sur le dossier du médecin référent peut-elle déboucher sur un conflit tarifaire alors que, somme toute, seulement 10 % des médecins généralistes avaient choisi ce dispositif ? L’Amedref agite la menace. «Après avoir été une “dégueulasserie”, la suppression du médecin référent est en train de devenir une grave erreur politique qui va conduire à des zones de turbulences tarifaires»,veut croire le Dr Lehmann.
Les arguments des défenseurs de l’option, évaluée uniquement de façon partielle, sont connus. Ils opposent ce système «volontaire et rémunéré» (7 000 euros de forfaits par an par médecin référent)au dispositif du médecin traitant «quasi obligatoire et sans moyens», s’indignent de la suppression du tiers payant et mettent en avant les «économies» de l’option en matière de prescriptions (– 5 % en moyenne par patient). Ils expliquent volontiers que les médecins référents étaient, d’une certaine façon, des précurseurs(sur la coordination des soins, la FMC , le dépistage...),sacrifiés d’un coup de stylo pour des raisons idéologiques.
Le ministre de la Santé, qui vient d’entamer un cycle de discussions avec tous les syndicats, sera-t-il sensible à ces arguments ?
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature