A PRES les professionnels du chocolat qui avaient brandi l'étendard de la révolte contre la directive cacao-chocolat adoptée l'an dernier par le Parlement européen (« le Quotidien » du 21 mars 2000), c'est au tour des parlementaires de monter au créneau.
Contre les nouvelles normes bruxelloises, qui autorisent l'utilisation des matières grasses végétales à la place du beurre de cacao, les membres de la Haute Assemblée ont décidé de constituer une « section chocolat », au sein du groupe d'étude Economie agricole et alimentation, à la commission des Affaires économiques et du Plan.
Goût, qualité et tradition
Vingt-sept honorables parlementaires appartenant à tous les groupes politiques s'y sont collés, parmi lesquels deux représentants du corps médical, élus du département du Var : les Drs François Trucy, biologiste (Républicain indépendant), et Jean-François Picheral, radiologue (groupe socialiste).
Vice-président de la section (la présidence est assurée par Michel Pelchat), le Dr Picheral explique au « Quotidien » que la directive européenne est « profondément regrettable pour trois raisons au moins : la première est économique et compromet l'avenir de nos entreprises traditionnelles tout comme les pays exportateurs de cacao, principalement en Afrique, au profit des multinationales de l'agroalimentaire qui trouvent dans la nouvelle réglementation un moyen de produire à moindre coût ». Particulièrement exposée, une importante chocolaterie établie dans la circonscription du Dr Picheral, à Aix-en-Provence.
Deuxième argument invoqué, la sécurité sanitaire : « Les nouvelles dispositions autorisent les huiles de remplacement du beurre de cacao à concurrence de 5 % du produit. Or aucun système ne permet à ce jour de mesurer cette proportion, pas plus que de garantir la traçabilité des ersatz qui seront utilisés. »
Enfin, last but not least, la section chocolat, bien sûr, mène le combat du goût, de la qualité et de la tradition réuni s.
Pour le Dr Picheral, l'argument médical passe après, « même si, indique-t-il, il convient de se pencher sur certaines vertus diététiques du chocolat qui pourrait être protecteur vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires grâce aux catéchines et aux flavonoïdes, qu'il recèle à des niveaux de concentration plus élevés que le thé » (« le Quotidien » du 13 mars 2000).
Les sénateurs ont bon espoir d'obtenir des autorités européennes l'apposition de la mention « pur beurre de cacao » sur le chocolat produit sans adjonction d'autres graisses végétales, tout comme, à l'inverse, la mention systématique « adjonction de graisses végétales autres que cacao » sur les produits non conformes à nos canons traditionnels.
Et comme la France dispose d'un délai, jusqu'en juin 2003, pour transposer dans son droit interne la directive communautaire, le Dr Picheral espère que sera remportée d'ici là, sur l'étiquette, la bataille du vrai chocolat.
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