DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
ILS S'Y SONT TOUS MIS pour organiser ces premières rencontres départementales élus/professionnels de santé : la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), le conseil général, la Caisse primaire (CPAM), la MSA (Mutualité sociale agricole), l'Ordre départemental, les syndicats de médecins libéraux du département, le centre hospitalier de Laval et la Jeune Chambre de commerce de la Mayenne. L'objectif de ces premières rencontres était double. Il s'agissait en premier lieu de favoriser le dialogue entre les élus et les professionnels qui «doivent prendre conscience de la gravité de la situation qui pourrait s'installer si rien n'est fait» en matière de démographie médicale et de nouveaux modes d'exercice, comme l'indiquent les organisateurs de la manifestation. L'idée était aussi de faire la promotion du plan départemental en faveur de la démographie médicale, issu des réflexions d'un groupe de travail réunissant les mêmes instances, le tout sous la houlette du préfet du département, Fabienne Buccio, et du président du conseil général, Jean Arthuis.
Un plan bluffant.
Prenant la parole au début de la manifestation, le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l'Ordre (CNOM), n'a pas caché son étonnement : «Je suis bluffé par votre projet départemental de pôles de santé». Il y a de quoi. N'attendant pas que la démographie départementale, déjà vacillante, ne devienne catastrophique avec le départ à la retraite annoncé de nombreux médecins libéraux, tous les membres du groupe de réflexion ont planché sur une réorganisation complète du mode d'exercice et de répartition des médecins libéraux du département. Bilan, un plan départemental de pôles de santé, validé le 21 janvier dernier par l'ensemble des acteurs de la Mayenne, et qui commence à être mis en oeuvre.
En pratique, un pôle de santé, c'est une organisation territoriale des médecins libéraux à l'échelle d'un bassin de vie. Ce qui veut dire qu'il n'est pas adossé à un canton ou à un territoire de garde mais à un regroupement humain, que celui-ci recoupe ou non un découpage administratif. À l'intérieur de ces limites nouvelles, l'audit est un travail de professionnels qui déterminent tout d'abord un projet médical (portant sur l'organisation de la continuité des soins, la couverture du territoire, le partage d'informations, le partage des pratiques, la prévention, ou encore l'accueil de stagiaires…). Une fois ces besoins déterminés , les professionnels se regroupent en une ou plusieurs maisons de santé pluridisciplinaires (quelques cabinets «périphériques» sont aussi possibles), réunissant en leur sein des médecins, mais aussi des dentistes, des infirmières, des kinés. Bref, toute une panoplie de professionnels de santé qui disposent d'une logistique commune : informatique, secrétariat, etc. À ce sujet, le Dr Lucas a indiqué que l'Ordre national travaillait à une révision de l'article 65 de son code de déontologie, afin de permettre à un médecin de se faire remplacer dans son cabinet pour aller lui-même effectuer un remplacement dans une autre zone. Le tout dans une logique de mobilité maximale des médecins libéraux qui pourraient ainsi à tour de rôle aller consulter dans l'un ou l'autre des cabinets périphériques de ces pôles de santé.
Cette volonté de travailler ensemble a été saluée par Jean Arthuis : «Grâce au travail effectué, a-t-il notamment assuré, nous sommes sur le bon chemin. Votre projet d'organisation n'est pas seulement basé sur les aides publiques disponibles, vous avez ce que vous voulez et vous vous préparez à bouger» – l'ancien ministre de l'Économie se fera également applaudir par une bonne partie de l'assistance lors d'une pique appuyée contre les 35 heures…
Luc Duquesnel, président de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) départementale, et membre du groupe de suivi de la mise en place des pôles de santé, a pour sa part cadré le débat : «L'élément essentiel de notre plan départemental n'est pas dans les murs des futures maisons de santé pluridisciplinaires, mais dans le projet médical qui les précède.» Un point de vue repris par Fabienne Buccio, préfet de la Mayenne, pour qui, «sans projet cohérent et évolutif, la mise en place de ces maisons de santé ne suffira pas à donner envie aux professionnels de santé d'y exercer».
Des projets qui avancent.
L'un des projets de pôle de santé commence d'ailleurs à prendre tournure. Baptisé provisoirement «pôle de santé du Sud-Ouest mayennais», il est notamment défendu par Annie Ravaillault, directrice de l'hôpital local du même nom. Le projet médical de ce pôle est achevé, et Annie Ravaillault insiste sur le fait que ce projet inclut la possibilité d'accueillir de nouveaux professionnels, le rendant ainsi évolutif. Un groupement de coopération sanitaire est en cours de finalisation, et l'hôpital local devrait fournir au pôle de santé le terrain sur lequel il sera bâti.
Si les esprits bouillonnent encore, les choses commencent également à se mettre en place. Et si la loi est parfois en retard et peut poser des obstacles juridiques à ces projets, contraignant le conseil général à en parrainer certains aspects de manière expérimentale, le Dr Philippe Venier, président de l'Ordre départemental des médecins et l'un des artisans du projet, n'en a cure : «C'est parfois par la politique du fait accompli que l'on fait bouger les textes réglementaires». Gros succès dans l'assistance.
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