DE NOTRE CORRESPONDANTE
L'EVOLUTION des cellules d'urgence médico-psychologiques, structures de prise en charge des personnes ayant vécu un événement potentiellement traumatique tel qu'un attentat, une prise d'otage ou une autre catastrophe, est sous-tendue par des enjeux de qualité. C'est ce que Nathalie Prieto, psychiatre et responsable de la Cump en Rhône-Alpes, a clairement fait entendre lors de ces journées scientifiques : « Les soins psychiques dans ce type d'événement aléatoire ne s'improvisent pas, ils requièrent des personnels compétents et spécifiquement formés », a-t-elle indiqué. Plus de sept ans après leur création, les Cump ont atteint l'âge de raison. Les bilans dressés par chacune d'elles doivent maintenant permettre d'affiner les indications et les limites du champ d'action, et d'harmoniser les pratiques.
Précocité des soins.
« En cinq ans, observe Nathalie Prieto, le nombre d'intervention des équipes Cump n'a cessé d'augmenter. » Au départ, le dispositif national comptait sept cellules permanentes interrégionales, rattachées au Samu des grandes villes, et 1 psychiatre référent par département. Renforcé en mai 2003, il comprend désormais une cellule permanente par région et dans chaque département de plus d'un million d'habitants, soit trente villes aujourd'hui concernées. Un comité national est chargé de définir la politique globale de prise en charge de l'urgence médico-psychologique et de veiller à la cohérence du dispositif.
Avec le recul, Nathalie Prieto peut affirmer que l'efficacité de l'intervention repose d'abord sur la précocité des soins apportés aux victimes. Prenant l'exemple de l'accident de l'autocar allemand survenu le 17 mai 2003 en région lyonnaise, elle observe que la cellule a été déclenchée 30 minutes après l'accident : c'est « cet engagement rapide de la Cump qui a permis une bonne amorce des prises en charge psychologiques ». Au total, 34 personnes ont été soignées dans des lieux divers - autobus, restaurant, hôpitaux - et à des moments différents. Quelques difficultés liées à la barrière du langage ont toutefois affecté la procédure. Pour contrer l'écueil linguistique, un grand nombre d'intervenants germanophones a été mobilisé : ces personnes ont parfois dû être « recadrées », a indiqué le Dr Prieto. Une meilleure organisation préalable participera donc aussi à l'amélioration de la qualité des interventions.
C'est dans ce sens que souhaite œuvrer le tout nouveau secrétariat d'Etat aux Droits des victimes. « Je suis venue prendre la mesure de ce que font les Cump », a expliqué la secrétaire d'Etat Nicole Guedj, lors de son premier passage à Lyon le 11 juin. « Dans certaines régions, la prise en charge se fait bien, et dans d'autres, moins bien, a-t-elle précisé. Je souhaite donc uniformiser les procédures d'accompagnement pour qu'elles soient au mieux de leur efficacité. » Créé fin mars, lors du dernier remaniement ministériel, et rattaché au ministère de la Justice, ce secrétariat est une entité « unique au monde », a fait observer Nicole Guedj. Cette création originale reflète, selon elle, l'aboutissement du travail réalisé en faveur des victimes par les associations, les médecins, les avocats et les magistrats, mais témoigne également de la volonté présidentielle « d'engager une politique d'aide aux victimes ». Il reste aujourd'hui à savoir quels seront les moyens budgétaires mis à la disposition de la nouvelle secrétaire d'Etat, pour mener à bien cette noble mission.
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