DE NOTRE CORRESPONDANTE
INUTILE de chercher une plaque sur la façade, et encore moins une rédaction. C'est en toute discrétion que RadioA.info, la première Web radio dédiée à la maladie d'Alzheimer, a élu domicile au premier étage d'une PME toulousaine. C'est aussi sans grand battage que le média a commencé à émettre, depuis un studio de 8 m2 le mois dernier. Pourtant, le buzz a fonctionné : 1 500 auditeurs en moyenne se connectent déjà quotidiennement sur le site en France, mais aussi depuis la Belgique, le Canada et la Suisse, pour suivre les trois heures de diffusion en direct ou réécouter les émissions depuis leur PC.
A l'origine de ce projet, Benoît Clair, journaliste installé aux Etats-Unis et sensibilisé à la cause Alzheimer, et Claude Paichard, ancien directeur de l'information de Sud-Radio. «L'idée était de créer une radio sur Internet qui fasse du lien entre les malades, leurs familles, les associations et les soignants», explique Claude Paichard, pour qui le choix s'est porté naturellement sur Internet. «Le réseau permet de créer des médias sur des thèmes très spécialisés, cela aurait été beaucoup plus difficile et coûteux sur la bande FM. L'objectif de RadioA.info, c'est de dédramatiser cette maladie, nous proposons pour cela du service, de l'écoute et de l'accompagnement», explique-t-il.
D'autres pathologies.
Quelques mois après l'annonce du plan présidentiel Alzheimer par Nicolas Sarkozy, radioA.info attire l'attention. A Toulouse, elle entretient d'ailleurs des contacts étroits avec l'équipe du Pr Bruno Vellas, qui conduit le projet expérimental du gérontopôle. «Nous travaillons ensemble, pour l'instant de façon informelle, mais l'idée est de créer à terme un comité d'éthique», prévoit Claude Paichard. Elle intéresse aussi les industriels, comme les Laboratoires Pierre Fabre, déjà présents sur le marché de la maladie d'Alzheimer, et par ailleurs partenaires du futur cancéropôle… «Car le modèle radioA pourrait bien sûr s'étendre à d'autres pathologies», estime Claude Paichard.
Pour l'heure, radioA émet trois heures par jour. « La chaîne d'union », émission de services, ouvre l'antenne, suivie par « Aider les aidants » et « Parole d'experts », qui font toutes deux une large place à des interventions et des points de vue de spécialistes de la maladie. Dorisse Pradal anime la tranche consacrée à l'entourage et mesure toute la souffrance liée à la maladie. «Nous sommes dans l'intime et les auditeurs interviennent plus facilement par mail que par téléphone pour nous livrer leur témoignage.»
« Parole d'experts » est l'émission la plus médicale au sens large, médecins, pharmaciens, domoticiens, psys… y interviennent. Ce jour-là, elle est consacrée aux médicaments dans la prise en charge d'Alzheimer. Un sujet au coeur du problème, quand on sait que 150 nouveaux médicaments possibles sont en cours d'évaluation, mais qu'un tiers seulement des patients sont actuellement traités, le plus souvent faute de diagnostic. A l'antenne, l'ancienne ministre de la Santé et présidente de la Fédération nationale de l'hospitalisation à domicile (FNEHAD) Elisabeth Hubert, le Pr Sylvie Legrain, de l'hôpital Bichat (Paris), et le Pr Jean-Louis Montastruc, chef du service de pharmacovigilance de l'INSERM, à Toulouse, se succèdent. Il est question de diagnostic, d'effets indésirables, d'information des médecins vis-à-vis de la bonne prescription des médicaments…
La petite radio indépendante, dont le budget de fonctionnement actuel (1 million d'euros) s'appuie exclusivement sur des fonds propres, est bien accueillie par l'ensemble de la communauté médicale. «L'idée est bonne. Ce concept permet de communiquer sur la maladie», reconnaît le Pr Montastruc. Au ministère, des contacts ont déjà été établis avec Valérie Létard, la secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité. «Des subventions publiques ont même été évoquées dans le cadre du plan gouvernemental Alzheimer, qui prévoit un volet de communication étoffé sur la maladie», confie Claude Paichard, qui veut rester prudent.
Quant aux perspectives de développement, les fondateurs ont tout prévu. La radio du Web peut aussi s'écouter sans abonnement Internet, grâce à un petit boîtier qui permet de se connecter sur une prise téléphonique. Voilà qui devrait rapidement permettre à RadioA de se développer dans les institutions de personnes âgées et dépendantes.
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