DES CHERCHEURS du CNRS et de l'institut Gustave-Roussy proposent une méthode donnant des espoirs pour la réalisation de thérapies géniques au niveau de la peau. La méthode a prouvé son efficacité et son innocuité sur des souris. Thierry Magnaldo et coll. espèrent à terme pouvoir l'appliquer aux humains, en citant en premier l'exemple des patients atteints de Xeroderma pigmentosum.
Le X.pigmentosum est une maladie génétique dont on connaît le gène défectueux (gène XPC) et qui se caractérise par une intolérance à la lumière solaire et une très forte prédisposition aux cancers de la peau.
Quand on réalise une thérapie génique, on ne touche par la totalité des cellules. Dans le cas des maladies génétiques qui prédisposent au cancer de la peau, il faut procéder, après l'introduction du gène thérapeutique, à l'élimination des cellules non corrigées, pour éviter le risque d'apparition d'une tumeur.
Thierry Magnaldo (directeur de recherche à l'institut Gustave-Roussy, CNRS FRE 2939 « Génomes et Cancers ») explique au « Quotidien » le principe de la méthode.
Une sélection après correction génétique.
On transduit la version normale du gène que l'on veut corriger dans des cellules cutanées ex vivo (en culture dans des boîtes), en utilisant un vecteur rétroviral classique. Il convient ensuite de réaliser la «sélection après correction génétique». Classiquement, on utilise un gène de résistance aux antibiotiques et on ajoute l'antibiotique à dose létale pour la cellule. Mais cette pratique a des inconvénients, elle n'est pas compatible avec la survie des cellules souches et les cellules transduites ne peuvent pas être retransférées à l'organisme.
Dans la nouvelle méthode, les cellules génétiquement manipulées ont été « étiquetées » à leur surface par une petite protéine humaine qui permet de les repérer et de faire un tri sans dommages.
La population cellulaire obtenue est presque exclusivement constituée de cellules souches. On dit qu'elle est virtuellement constituée à 100 % de cellules génétiquement modifiées.
Cette méthode de sélection n'est pas invasive, elle n'altère pas le potentiel de croissance et de différenciation de cellules. Les cellules sont capables de se multiplier pendant plus d'un an au laboratoire. Elles sont aussi capables de régénérer une peau normale lorsqu'elles sont greffées chez des souris préparées pour être receveuses (les 22 semaines qu'ont duré les expériences).
Les chercheurs estiment que la méthode donne un espoir pour remplacer les autogreffes des patients atteints de Xeroderma pigmentosum, victimes de nombreuses tumeurs qu'il faut enlever, par des autogreffes de cellules génétiquement modifiées.
Bergoglio V et coll. « Molecular Therapy », 1er octobre 2007.
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