AUTEUR de plusieurs documentaires, Mehdi Sahebi, né en Iran et installé en Suisse depuis 1983, a fait la connaissance de Giuseppe Tommasi dans les années 1980. En 2002, il apprend que Giuseppe, séropositif et atteint d'un cancer, se trouve dans la clinique Lighthouse, à Zurich, spécialisée dans les soins palliatifs. Il lui rend visite et comprend que, se sachant condamné, il ressent «un profond besoin de réfléchir à sa vie et à sa mort prochaine».«J'étais fasciné par la distance critique et l'absence de complaisance qu'il y employait», raconte le cinéaste, qui propose au malade de capter les derniers moments de sa vie avec sa caméra. Seul, sans équipe, Sahebi tournera pendant neuf mois, se concentrant sur les réflexions du mourant, «sur un homme qui saisit sa dernière chance de vivre sa vie dans la paix et la dignité».
Le film de 63 minutes commence par l'incinération puis revient au début de l'aventure intime et cinématographique, quand Giuseppe est encore relativement vaillant. On suit alors sa dégradation physique, sa souffrance, certes, mais aussi et surtout ses interrogations : il comprend qu'il a vécu en victime et que c'est sans doute pour cela qu'il n'a pas pu arrêter la drogue ; il renoue avec ses enfants, s'explique avec eux. Il ne s'attarde pas sur le passé, gardant, dit-il, son énergie pour le présent.
Les images sont dures et, avec ses cheveux longs, sa barbe et son visage de plus en plus émacié, Giuseppe n'est pas loin des images christiques. Mais c'est une forme de liberté que cet homme de 44 ans trouve dans cette approche de la fin sous l'oeil de la caméra. Aux médecins familiers de la mort, la vision de ce corps souffrant n'apprendra rien, mais, comme les infirmières qui bercent Giuseppe dans ses derniers instants, ils saisiront un moment d'humanité.
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