CLASSIQUE, sobre jusqu’à la simplicité, peut-être un peu trop retenue dans l’émotion – en particulier au dernier acte –, telle est l’« Andromaque » que propose Muriel Mayette, Administrateur général de la Comédie-Française. On serait mal venu de se plaindre d’une lecture claire et d’une mise en scène qui permet d’entendre la tragédie. Elle est connue, souvent représentée. Elle est difficile. Elle parle de souffrance et d’égarement.
Troie a été anéantie, un an plus tard vainqueurs et vaincus tentent de se reprendre. Mais aucun des protagonistes ne voit son désir aboutir. Chacun se trompe, veut ce qui lui est interdit. Pyrrhus le vainqueur (Éric Ruf), le fils d’Achille, comme Andromaque (Cécile Brune), la prisonnière, veuve d’Hector, qui a sauvé son fils Astyanax. Hermione (Léonie Simaga), fille d’Hélène, d’abord promise à Oreste, puis, ainsi que l’écrit Racine « accordée » à Pyrrhus. Oreste (Clément Hervieu-Léger), fils d’Agamemnon, dans le profond malheur. Et leurs proches et confidents. Pylade (Stéphane Varupenne), ami d’Oreste et prêt au sacrifice, Phoenix (Aurélien Recoing), qui fut le gouverneur d’Achille puis celui de Pyrrhus, Céphise (Céline Samie), confidente d’Andromaque, et enfin Cléone (Suliane Brahim) suivante d’Hermione. Ces personnages ne sont en rien secondaires. Racine leur donne une importance grande et des morceaux de bravoure. Ainsi, pour Cléone, qui révèle magnifiquement Suliane Brahim, ou pour Pylade et Phoenix.
Dans un décor très classique d’apparence – une grande colonnade de pierre blonde, quelques marches, des pans de voiles qui flottent dans le vent, des lumières changeantes (Yves Bernard) et des costumes à l’antique dans des tons de grèges ou gris (Virginie Merlin) –, les acteurs portent la langue et les sentiments contradictoires qui les déchirent. C’est très beau et l’on entend parfaitement cette partition difficile, doublée, tout au long de la représentation, d’une musique (Arthur Besson) peut-être trop présente par moments.
On comprend encore mieux le parti-pris de cette mise en scène en apprenant que l’été prochain, en juillet, à Orange, c’est dans le Théâtre antique que seront données trois représentations exceptionnelles. Reste que ce sont les interprètes, leur haut talent, leur intelligence de la pensée de Racine, qui donnent à la représentation sa force bouleversante.
Comédie-Française, salle Richelieu (tél. 0825.10.16.80), en alternance jusqu’au 14 février. Durée : 2 heures sans entracte . À noter que Julie-Marie Parmentier interprète Cléone en alternance.
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