LA CAGE DE SCÈNE est entièrement tapissée de lamelles argentées, rideaux de music-hall ou de boîte très sexy. Mettant en scène Caligula, Charles Berling lui donne une couleur particulière et assez déconcertante. On se sent plus près de Jean Genet que d’Albert Camus, pour tout dire...
Et comme Berling, qui incarne ce prince dont l’écrivain lui-même parlait si bien, multiplie les signes du travestissement, voire de la dépravation, en oubliant parfois qu’il s’agit pour l’Empereur de provocation des limites, de mise à l’épreuve, non de pure folie ou de délétère transgression, on ne retrouve pas – ou mal – ce qui fonde la pensée profonde d’Albert Camus, lorsqu’il composa Caligula (après avoir lu « la Vie des douze Césars » de Suétone).
Il avait commencé dès 1937, à Alger. Il souhaitait mettre en scène et jouer le rôle-titre. La pièce ne fut créée qu’après la guerre. Elle en porte les marques. C’est Gérard Philipe qui fut le premier Caligula.
Metteur en scène débutant, Charles Berling est un peu maladroit. Il surligne. L’acteur, lui, est beaucoup plus convaincant. Il possède une réelle envergure, une ambiguïté intéressante, quelque chose de fêlé, de douloureux. Et ce malgré quelques idées un peu trop spectaculaires et naïves – se faire les doigts de pied au vernis, porter des tutus, imaginer des ballets de plus ou moins bon goût. Tout cela alourdit inutilement le propos et corrode la ligne pure du développement de la pensée de Camus et le mouvement dramatique.
La distribution que Charles Berling a réunie est composée de personnalités physiques et émotionnelles fortes plus que d’acteurs de haute sensibilité de jeu. Cela donne incontestablement quelques beaux moments. Une force.
Mais on aurait préféré que Charles Berling se remît entre les mains d’un metteur en scène fin et rigoureux. Il aurait montré la profondeur d’un personnage immortel qui nous permet aujourd’hui encore de réfléchir au sens de la vie, de l’existence, des règles, de la loi. De la terre et du ciel. A l’image du rideau de scène spécialement peint par Christian Fenouillat, le décorateur et une jeune plasticienne de talent... Juliette Binoche.
Théâtre de l’Atelier, à 21 h du mardi au samedi, en matinée à 16 h le samedi et 15 h le dimanche (01.46.06.49.24). Lire Camus et tout ce qu’il a écrit lui-même sur son théâtre : « la Pléiade », Gallimard.
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