LE DIABÈTE multiplie par un facteur de 2 à 3 le risque cardio-vasculaire chez l'homme, de 3 à 5 chez la femme. Chez un diabétique, le risque d'infarctus du myocarde est particulièrement élevé, il est comparable à celui d'un non-diabétique de vingt ans plus âgé. Mais, l'augmentation du risque commence bien avant l'apparition du diabète, dès le stade d'intolérance au glucose. En effet, l'hyperglycémie postprandiale induit des dysfonctions de l'endothélium vasculaire. Une étude récente a aussi montré que les fluctuations de la glycémie en période postprandiale étaient associées à un stress oxydatif (1). Pour les auteurs, les essais cliniques devraient prendre en compte non seulement l'HbA1c, mais aussi les fluctuations aiguës de la glycémie. Pour le Pr L. Ryden (Suède), le test de tolérance au glucose est indispensable chez tous les patients à risque, mais aussi chez tous les sujets ayant présenté un accident cardio-vasculaire. L'étude Euro Heart (2), réalisée dans 110 centres de 25 pays auprès de plus de 4 000 patients coronariens nécessitant une angioplastie, soit programmée, soit en urgence, a montré que 31 % d'entre eux se savaient diabétiques. Chez les sujets opérés en urgence, 22 % avaient un diabète méconnu et 36 % une intolérance au glucose. Dans le groupe dont l'angioplastie était programmée, ces chiffres étaient respectivement de 37 et 14 %. L'analyse complète des données de cette étude, publiée dans la revue « Heart » en début d'année, a confirmé que le meilleur test pour évaluer le métabolisme glucidique chez ces patients était l'hyperglycémie provoquée avec charge orale en glucose (3). «Le dépistage de l'intolérance au glucose est essentiel pour optimiser la prise en charge thérapeutique des patients après un accident coronarien aigu», estime le Pr Ryden.
Mesures hygiéno-diététiques et traitement pharmacologique.
Le dépistage précoce des patients présentant une intolérance au glucose avec hyperglycémie postprandiale ou un syndrome métabolique devrait permettre de leur proposer des mesures hygiéno-diététiques adaptées et d'instituer, si nécessaire, un traitement pharmacologique. L'acarbose, qui diminue la glycémie postprandiale, pourrait être un bon candidat. Selon les résultats de l'étude STOP-NIDDM, l'acarbose pourrait diminuer le risque cardio-vasculaire chez le prédiabétique (ce médicament n'a pas cette indication dans notre pays). Pour vérifier cette hypothèse, une importante étude a été mise en oeuvre. Il s'agit de l'étude multicentrique ACE qui devrait inclure, dans 150 centres en Chine continentale et à Hong Kong, quelque 7 500 patients de 50 ans ou plus présentant une pathologie coronaire et une intolérance au glucose. Outre une prise en charge optimale de leur pathologie coronaire, ils recevront, après tirage au sort, soit l'acarbose, soit un placebo. Le critère de jugement principal est la survenue d'un nouvel accident cardio-vasculaire, le critère secondaire, l'apparition d'un diabète. Des résultats très attendus par la communauté scientifique.
D'après les communications des Prs R. Holman (Grande-Bretagne), E. Standl (Allemagne), L. Ryden (Suède) et J.-L. Chiasson (Canada) dans le cadre d'un symposium organisé par Bayer Schering Pharma dans le cadre du 43e congrès de l'European Association for the study of diabetes (EASD).
(1) Monnier L et coll. « JAMA » 2006 ; 295 :1681-7.
(2) Bartnik M et coll. Eur Heart 2004 ; 25 :1880-90.
(3) Bartnik M et coll. « Heart » 2007 ; 93 : 72-7.
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