Depuis une dizaine d'années, les concepteurs rivalisent d'ingéniosité pour imaginer un dispositif antireflux insérable par voie endoscopique. Une valve magnétique composée de deux plaques permettrait de fermer l'oesophage, tout en s'écartant l'une de l'autre au moment du passage du bol alimentaire.
L'OBJECTIF DU TRAITEMENT du reflux gastro-oesophagien (RGO) est avant tout de soulager la douleur et de permettre au patient d'avoir un retour à une vie normale. Cet objectif est souvent atteint par la neutralisation du contenu acide, l'inhibition de la sécrétion gastrique acide par les antagonistes des récepteurs H2 de l'histamine, ou anti-H2, et les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Il est également possible d'assurer la protection de la muqueuse oesophagienne par les alginates. La réduction pondérale, l'arrêt du tabac et de l'alcool sont également utiles. La surélévation de la tête du lit est une mesure habituellement préconisée en cas de RGO nocturne. Quant à la chirurgie, elle a pour objectif la réalisation d'un montage antireflux par cardiopexie ou fundoplicature, le procédé de Nissen étant le plus utilisé.
Des dispositifs de plus en plus ingénieux.
Depuis 1999, de nouvelles techniques de traitement endoscopique du reflux gastro-oesophagien apparaissent régulièrement. Elles ont pour objectif de réduire la consommation d'inhibiteurs de la pompe à protons, voire d'interrompre le traitement, chez des patients dépendants mais qui n'ont ni dyskinésie oesophagienne, ni hernie hiatale, ni muqueuse de Barrett. Les systèmes proposés sont de plus en plus ingénieux. Le dernier en date, l'implantation d'une valve magnétique, a été proposé par M. Bortolotti et coll. (1). Cette équipe a en effet très récemment montré qu'une valve de ce type pouvait générer au niveau d'une zone de l'oesophage une pression suffisante pour entraver un RGO tout en permettant un transit aisé du bol alimentaire lorsqu'elle est ouverte (2). L'outil consiste en deux petites plaques magnétiques en plastoferrite, un mélange composé de 90 % de poudre de ferrite et de 10 % d'un liant thermoplastique. Les plaques mesurent 5 mm sur 20 mm, leur épaisseur étant de 1,5 mm. Elles sont théoriquement capables de développer une pression de 0,16 N/cm2. Elles sont implantées par voie endoscopique au moyen d'un appareillage spécial, aussi près que possible du sphincter oesophagien inférieur, en face à face. Elles sont insérées dans la sous-muqueuse oesophagienne. Leurs polarités étant opposées, elles s'attirent mutuellement et tendent ainsi à fermer l'oesophage. Les essais ont pour le moment été limités à des implantations sur des oesophages de porc et ont été couronnés de succès dans cinq cas. Les pressions développées par les valves ont atteint environ 14 mmHg. Cette pression serait suffisante pour pouvoir éviter le reflux (3).
Pour les auteurs, les avantages de ce système sont sa réversibilité, l'ablation des plaques étant possible si besoin, et son adaptabilité, la dimension et la forme des plaques pouvant être choisies en fonction de chaque cas. Mais, surtout, il ne rigidifie pas la paroi oesophagienne et laisse le passage libre pour le bol alimentaire lorsque la pression intra-oesophagienne augmente, les plaques se détachant alors l'une de l'autre
(1) Bortolotti M, et coll. A novel endoesophageal magnetic device to prevent gastroesophageal reflux (GER).
(2) Bortolotti M. A novel antireflux device based on magnets. J Biomech 2006 ; 39 (3) : 564-7.
(3) Dodds WJ, et coll. Mechanisms of gastroesophageal reflux in patients with reflux esophagitis. N Engl J Med 1982 ; 307 (25) : 1547-52.
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