Deux protocoles anti-VIH

Une trithérapie fait mieux que le traitement de référence

Publié le 18/01/2006
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AFIN d’évaluer l’intérêt d’une trithérapie associant, en une prise par jour, du ténofovir DF (disoproxil fumarate), de l’emtricitabine et de l’efavirenz, des virologues de Baltimore ont mis en place une étude ouverte sur 517 patients comparant ce traitement à une association de référence (zidovudine et lamivudine, deux fois par jour, associés à une prise d’éfavirenz) pendant une durée totale de quarante-huit semaines.

L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la proportion de patients ne présentant pas de résistance à l’éfavirenz à l’inclusion et chez qui, après quarante-huit semaines de traitement, le nombre des copies d’ARN était inférieur à 400 par millilitre. Pour être inclus dans l’étude, les patients devaient n’avoir jamais reçu de traitement antirétroviral et le nombre des copies d’ARN viral devait être de plus de 10 000 par millilitre.

A l’entrée dans l’étude, les patients étaient âgés en moyenne de 37 ans, les deux groupes (255 et 254 patients) comportaient 13 % de femmes et le taux moyen de CD4 était de 238. Dans chacun des groupes, 11 patients présentaient des mutations de résistance aux inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse.

La réponse est significativement meilleure.

A l’issue du suivi, la proportion de patients présentant un nombre de copies inférieur à 400 par millilitre était significativement plus importante chez les sujets recevant l’association ténofovir-emtricitabine que chez ceux sous zidovudine-lamivudine (84 contre 73 %). Ce résultat exclut l’infériorité du traitement testé par rapport au traitement de référence. Il indique que la réponse est significativement meilleure avec l’association ténofovir DF-emtricitabine-efavirenz. Une différence significative a aussi été observée sur la proportion de patients présentant moins de 50 copies d’ARN viral par millilitre (80 contre 70 %) et sur la majoration du nombre des lymphocytes CD4 (190 contre 158 cellules). Par ailleurs, aucune différence significative d’incidence du rebond viral (ARN viral supérieur à 400 copies par millilitre) n’a été notée (1 % dans le groupe ténofovir DF-emtricitabine, contre 3 % dans le groupe zidovudine-lamivudine).

Au total, 38 patients du groupe ténofovir DF-emtricitabine (16 %) n’ont pas répondu au traitement, alors qu’ils étaient 27 % dans le groupe traitement de référence. C’est aussi dans le premier groupe que l’incidence des effets indésirables nécessitant une suspension thérapeutique s’est révélée la plus forte : 9 % contre 4 %. Enfin, aucun patient n’a développé de mutation K65R, une mutation qui peut être sélectionnée par l’utilisation du ténofovir DF et une mutation M184V n’a été notée que chez deux des patients du groupe ténofovir DF-emtricitabine contre sept dans le groupe zidovudine-lamivudine. Pour les auteurs, «cesdifférences pourraient être en rapport avec une plus longue demi-vie de l’emtricitabine par rapport à la lamivudine, mais il est encore difficile de l’affirmer ».

« New England Journal of Medicine », vol. 354 ; 3 ; pp. 251-260, 19 janvier 2006.

> Dr I. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7880