ARI FOLMAN, né en 1962, n'est pas un inconnu dans le monde du cinéma. Documentariste, récompensé dès son film de fin d'études, « Comfortably Numb », qui raconte de manière comique et absurde l'expérience de ses proches lors des attaques de missiles irakiens sur Tel-Aviv durant le première guerre du Golfe, il a aussi signé deux longs métrages de fiction, ancrés dans la réalité historique, le dernier en date, « Made in Israël » (2001), imaginant la traque du dernier nazi vivant.
Un jour, le cinéaste prend conscience que certaines parties de sa vie se sont effacées de sa mémoire. Victime du stress post-traumatique, pour le dire en termes médicaux, il ne parvient pas à se souvenir des événements vécus au Liban comme jeune soldat, en 1982, au moment du massacre de Sabra et Chatila (perpétré dans deux camps de réfugiés palestiniens par les phalangistes chrétiens pour venger la mort de Bachir Gemayel, le secteur étant contrôlé par l'armée israélienne). Il va alors interroger et filmer ses anciens compagnons d'armes. Et pour pouvoir sortir du montage d'interviews et montrer les images sorties de la mémoire, et celles des cauchemars récurrents des anciens soldats israéliens, vingt ans après, il choisit l'animation, les voix étant celles des personnes rencontrées. Une animation créatrice, utilisant notamment le 3D.
Le procédé est tellement efficace qu'on l'oublie quasi immédiatement pour se retrouver dans la tête, la peau, de ces très jeunes hommes semblables à bien d'autres, «n'allant nulle part, tirant sur des inconnus, se faisant tirer dessus par des inconnus, qui rentrent chez eux et tentent d'oublier». «La plupart du temps, ils n'y arrivent pas», ajoute Folman.
Il n'en néglige pas pour autant les responsabilités des uns et des autres, dont celle des Israéliens ( «L'invasion de Beyrouth ouest en septembre 1982 était inutile et ne rapportait rien», estime le cinéaste). Ce film anti-guerre a été pour lui une thérapie. Elle le sera peut-être aussi, même modestement, pour son pays. Pour tous, c'est la démonstration de ce que le cinéma peut apporter à la réflexion sur le monde, et la renouveler.
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