IL N'Y A PLUS aucun doute là-dessus : une bonne partie des cellules satellites des muscles sont bien des cellules souches musculaires à part entière, capables de s'autorenouveler et de se différencier pour régénérer les myofibres « le Quotidien » du 18 septembre). Cette propriété pourrait faire d'elles des outils de choix pour la thérapie cellulaire des dégénérescences musculaires, des outils plus faciles à obtenir et à manipuler que les cellules souches embryonnaires ou que les fameuses cellules souches pluripotentes induites et plus efficaces que les mésangioblastes (cellules souches présentes dans la paroi des vaisseaux sanguins) ou les cellules souches mésenchymateuses. Les résultats d'une expérience conduite aux États-Unis est en tout cas largement favorable à cette théorie : Amy Wager et coll., du Joslin Diabetes Center (Boston) et de l'institut des cellules souches de Harvard (Cambridge), ont en effet montré que la greffe des cellules satellites permet d'obtenir une amélioration sans précédent de la force musculaire de souris génétiquement modifiées pour développer une maladie semblable à la myopathie de Duchenne.
Wager et son équipe ont réussi à identifier un ensemble de marqueurs cellulaires qui permettent de reconnaître la sous-population de cellules satellites du muscle qui correspond à d'authentiques cellules souches. L'un de ces marqueurs est le récepteur CXCR4, un récepteur qui permet aux cellules de se différencier en réponse à des signaux moléculaires émis par la fibre musculaire endommagée.
Les chercheurs ont utilisé ces marqueurs pour isoler une bonne quantité de ces cellules souches à partir de muscles de souris en bonne santé. Les cellules obtenues ont ensuite été injectées dans les muscles de souris souffrant d'une dystrophie musculaire semblable à la myopathie de Duchenne.
Les résultats de cette greffe sont plus qu'enthousiasmants : comme attendu, les cellules thérapeutiques injectées ont contribué à réparer les fibres musculaires endommagées. Les chercheurs en ont retrouvé dans plus de 90 % des fibres des muscles traités. Ces cellules ont aussi conduit à la formation de nouvelles fibres, entièrement constituées de cellules dérivant de cellules thérapeutiques. Et mieux encore, une partie des cellules injectées a colonisé le pool de cellules satellites endogènes. Ce dernier point implique que les cellules thérapeutiques greffées peuvent participer à plusieurs cycles de réparation des lésions de la fibre musculaire.
Amélioration importante de la fonction musculaire.
L'ensemble de ces effets histologiques s'est accompagné d'une amélioration importante de la fonction musculaire des animaux traités : la force musculaire des souris est multipliée par 5,5 chez celles dont un maximum de myofibres (94 %) contient des cellules thérapeutiques.
Reste évidemment à démontrer que cette sous-population de cellules existe également dans le muscle humain et qu'elle possède les mêmes propriétés que les cellules murines. Mais, quoi qu'il en soit, et comme le souligne Helen Blau (université de Stanford) dans un commentaire publié par le « New England Journal of Medicine », avant qu'il puisse être envisagé d'utiliser ces cellules en clinique, il faudra parvenir à établir les conditions de culture permettant de les produire en grande quantité, et sans qu'elles perdent leurs propriétés régénératrices. Wager et son équipe y travaillent déjà.
Cerletti M et coll. « Cell », vol. 134, pp. 37-47.
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