L’ARMÉNIE a toujours entretenu une relation privilégiée avec la France, qui abrite une importante minorité de son peuple, depuis l’exode consécutif aux massacres turcs du début du XXe siècle. Ces liens, auxquels la conversion au christianisme de l’Arménie au début du IVe siècle n’est pas étrangères, sont essentiellement culturels et, notamment, artistiques. L’année de l’Arménie en offre le témoignage. Elle propose quelque 400 manifestations à travers toute la France. L’occasion d’aller à la rencontre ou à la découverte de ce pays dont l’identité est très forte et l’histoire très riche.
La peinture
4Aïvazovski, la poésie de la mer (Paris)
C’est une superbe exposition que propose le musée de la Marine. Elle regroupe des oeuvres de l’artiste Ivan Aïvazovski (1817-1900), né sur les bords de la mer Noire, et dont la création est intimement liée aux océans. «Ma vie, c’est la mer», disait le peintre. Au moyen d’un pinceau léger et précis à la fois, dans un grand souci de rigueur et de véracité, Aïvazovski traduit sur ses toiles le mouvement de l’onde, la transparence de l’eau et ses tonalités iodées, vert émeraude, les sursauts de l’écume… Ses marines mettent en scène des barques en perdition au milieu de creux tragiques, des trouées célestes qui éclairent l’océan de halos argentés, des couchers de soleil sur une mer calme et majestueuse accueillant des vaisseaux imposants, des ports…
Le peintre réalisa également des travaux sur l’histoire de son pays ainsi que des paysages. Mais ce sont ses toiles maritimes qui suscitent le plus d’intérêt. Delacroix et Turner ne s’y trompèrent pas, qui admirèrent et applaudirent le peintre arménien. La plupart des marines d’Aïvazovski représentent des tempêtes. Les flots tumultueux sont pour ce romantique comme des allégories de la création du monde, et traduisent également l’optimisme et le désir de vie propres au peuple arménien. Une oeuvre lumineuse.
Musée national de la Marine. Paris 16e. Tél. 01.53.65.69.54. Jusqu’au 4 juin.
4Edgar Chahine (Saint-Raphaël)
Edgar Chahine (1874-1947) fut le plus connu des peintres arméniens vivant en France au début du XXe siècle. La Mairie d’honneur de Saint-Raphaël a réuni une centaine de gravures et de lavis de l’artiste ainsi que quelques toiles. Après avoir étudié à l’école arménienne de Murad-Rafaelian (Venise), puis à Paris à l’académie Julian, Chahine se lance dans la pratique du pastel, mais c’est avec l’eau-forte qu’il trouvera la technique dans laquelle il excellera. Ses premières gravures réalistes déclinent des thèmes peu à la mode à l’époque, des thèmes « populaires » : visions du peuple, du travail, fêtes foraines, scènes quotidiennes de rue, paysages urbains. A l’instar d’un reporter, d’un témoin de son temps et de son pays, Chahine pose un regard humaniste sur les défavorisés, les chômeurs, les mendiants…
Mairie d’honneur, villa les Asphodèles. Saint-Raphaël (Var). Tél. 04.94.17.36.85. Jusqu’au 24 février.
4Martiros Sarian ou les couleurs de l’Arménie (Issy-les-Moulineaux)
Martiros Sarian (1880-1972) fut formé à l’école russe, mais découvrit dès le début du XXe siècle les tableaux des post-impressionnistes, et notamment ceux d’Henri Matisse. Il est considéré comme le père de la peinture moderne arménienne. Ses oeuvres – paysages, natures mortes, portraits, décors de théâtre et illustrations de contes et récits traditionnels –, colorées et dansantes, sont une synthèse heureuse des sensibilités orientales et occidentales. Le peintre resta toute sa vie fortement imprégné par l’histoire de son pays natal. Ses oeuvres, proches du fauvisme français et de l’expressionnisme allemand, laissent apparaître une nature triomphante et des formes lumineuses et rayonnantes qui traduisent une joie de vivre, un tempérament de feu, un réel bonheur à peindre.
Musée français de la Carte à jouer. Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Tél. 01.41.23.83.60. Jusqu’au 31 mars.
4La peinture arménienne des XIXeet XXesiècles (Cagnes-sur-Mer)
L’exposition du musée-château Grimaldi présente les oeuvres d’une quinzaine de peintres arméniens, modernes et contemporains, qui, pour la plupart, quittèrent leur pays au moment du génocide de 1915, pour aller trouver refuge en France ou aux Etats-Unis. Leur oeuvre est parfois plus célèbre dans l’Hexagone ou outre-Atlantique que dans leur pays d’origine.
On découvrira quelques superbes marines d’Aïvazovski, ainsi que les mystérieuses natures mortes sur fond noir de Zakarian, ou encore les oeuvres d’Arshile Gorky, initiateur du surréalisme, l’un des plus célèbres peintres modernes, dont les oeuvres explorent ses racines, ses souvenirs d’enfance. Egalement présents dans l’exposition : Carzou, le peintre et décorateur de théâtre, aux toiles graphiques, poétiques, parfois surréalistes ; Katchadourian et son univers fantastique et onirique, qui évoque les contes de fées ; Jansem, qui fut toute sa vie fasciné par Bruegel, Goya et Daumier, et qui peignit avec lyrisme, au moyen d’une facture fluide ; Tutundjian, le surréaliste virtuose ; Kotcha le sculpteur, peintre et dessinateur, à la fois cubiste et classique… Sans oublier Atamian, Chahine, Gumuchian, Lekegian, Mahokian, Alhazian, Chabanian, Sarian…
Un intéressant panorama de la peinture arménienne moderne.
Musée-château Grimaldi. Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Tél. 04.92.02.47.30. Jusqu’au 4 mars.
Patrimoine et histoire
4Livres d’Arménie (Paris)
La Bibliothèque nationale de France possède un ensemble d’ouvrages arméniens d’une richesse inouïe, parmi les plus importants d’Europe. Rarement dévoilées au grand public, ces oeuvres – une cinquantaine d’écrits précieux et d’imprimés anciens sont réunis ici –, reflètent l’intérêt et la curiosité que suscite depuis des siècles en France la culture arménienne. Principalement acquis sous les règnes de Louis XIV, et de Louis XV, ces chefs-d’oeuvre du patrimoine écrit, sur parchemin ou sur papier, d’inspiration religieuse aussi bien que profane, sont des évangéliaires, des recueils liturgiques, des homéliaires, des synaxaires, des psautiers, des bréviaires ou des manuscrits. Ils se parent de miniatures aux couleurs vives illustrant la vie des saints, de différentes formes d’écriture stylisées et agrémentées de toutes sortes de végétaux et d’animaux fantastiques… Cet art de l’enluminure arménien, qui se déclina jusqu’au XVIIIe siècle, est un mariage subtil entre les traditions byzantine, occidentale et orientale.
Bibliothèque nationale de France, site Richelieu. Paris 2e.
Tél. 01.53.79.59.59. Jusqu’au 25 mars.
4Arménie, terre chrétienne dans le Caucase (Paris)
L’exposition de la Crypte archéologique du parvis de Notre-Dame fait voyager le visiteur à travers l’Arménie, «poussière de chrétienté» aux limites du monde musulman. L’histoire mouvementée et souvent tragique de ce pays chrétien du Caucase (le premier où le christianisme est religion d’Etat, depuis 301 après J.-C.) est évoquée à travers des cartes géographiques, des photos d’archives présoviétiques, soviétiques et actuelles, des objets et pièces d’artisanat, qui montrent les richesses du pays (monastères, paysages fabuleux, ornements précieux…).
Crypte archéologique du parvis de Notre-Dame. Paris 4e. Tél. 01.55.42.50.10. Jusqu’au 25 mars.
4Dans les montagnes de l’Arménie, trésors du musée de Gumri (Saint-Raphaël, puis Rouen)
Deuxième ville de l’Arménie, Gumri (dans la province du Shirak) possédait un riche musée régional d’archéologie, détruit par le séisme de 1988, mais dont il reste quelques vestiges. Ces derniers, ainsi que des objets venus du Louvre et du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, composent l’exposition présentée à Saint-Raphaël. Les recherches archéologiques conduites dans la région du Shirak depuis le XIXe siècle éclairent l’histoire des origines de l’occupation humaine en Arménie. L’exposition livre une histoire de l’Arménie antique, depuis les premières sociétés agraires (IVe et IIIe millénaires) jusqu’à la dynastie des Artaxiades (IIe-IIIe siècles), en passant par la constitution du premier « Etat » centralisé, l’un des plus puissants de l’antique Proche-Orient (Ourartou, IXe-début VIe siècle av. J.-C.).
Musée archéologique de Saint-Raphaël (Var). Tél. 04.94.19.25.75. Jusqu’au 11 mars (puis en avril au musée départemental des Antiquités de Rouen).
4Les douze capitales d’Arménie (Paris)
L’exposition de la Conciergerie livre un aperçu du patrimoine architectural arménien (vestiges, sites et villes majeurs, églises et monastères) en s’appuyant sur les douze capitales qui ont jalonné l’histoire chaotique du pays. Des photos donnent un aperçu des édifices du pays, souvent grandioses et colossaux, toujours chargés d’histoire, depuis la citadelle de Van, construite au IXe siècle avant J.-C., jusqu’aux constructions monumentales de type soviétique et aux édifices de tuf rose d’Erevan (la capitale actuelle est largement illustrée dans l’exposition).
Des objets ethnologiques provenant des collections du Musée d’histoire d’Arménie à Erevan (costumes, broderies, tapis, parures en argent) complètent cette plongée au coeur des richesses architecturales du pays, qui surmonta les heurts de l’Histoire en se constituant un patrimoine architectural fait pour beaucoup de monastères, d’églises et de chapelles.
Conciergerie. Paris 1er. Tél. 01.53.40.60.80. Jusqu’au 18 mars.
Tout le programme sur : www.armenie-mon-amie.com
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