FONDEE EN 1995, sur l'initiative du Bureau culturel de Pékin, la Beijing Modern Dance Company eut des débuts spectaculaires sous la direction artistique de Jin Xin, ex-colonel de l'armée chinoise et transsexuelle, aujourd'hui personnage mondialement connu. Basée à Pékin, elle est aujourd'hui dirigée par le chorégraphe Willy Tsao, originaire de Hong Kong. Riche d'un répertoire d'une vingtaine de pièces, elle vient d'en présenter deux pendant une semaine à Paris, tournée qui sera suivie d'une série de représentations en France. Deux pièces d'une quarantaine de minutes ont permis d'apprécier le haut niveau de virtuosité, de souplesse, l'éclectisme de styles et la joie de danser d'une douzaine de jeunes danseurs, aux morphologies loin d'être stéréotypées. « Une table, deux chaises » de Willy Tsao et Li Hanzhong (2000) est une succession de tableaux abstraits dansés dans le silence ou sur des extraits d'opéras traditionnels chinois.
Sur un plateau nu, seules une table et deux chaises, dont une de type chaise d'arbitre, servent de support à des démonstrations organisées en plusieurs tableaux aux titres dont la logique échappe en l'absence des références culturelles associées.
Ce qui frappe cependant, c'est l'extraordinaire soutien rythmique qu'apporte cette musique composée principalement de sons de gongs, de tambours et de carillons. On admire la très grande richesse d'idées qui naissent de cette confrontation et la virtuosité avec laquelle les jeunes danseurs exécutent des pas d'un raffinement et d'une difficulté toujours en situation, jamais compliqués pour des raisons intellectuelles. Tout semble naître spontanément dans les magnifiques mouvements d'ensemble au vocabulaire parfois assez athlétique, frisant souvent l'acrobatie, qui ponctuent la plupart des huit tableaux de cette étonnante chorégraphie.
Pour être appréciée à sa juste valeur, elle exigerait de connaître au moins les règles et les conventions de l'Opéra de Pékin, une des formes les plus récentes et sophistiquées de l'opéra traditionnel chinois.
Les costumes variés de type science-fiction ajoutent à l'effet de surprise et suffisent à eux seuls à créer un climat en l'absence totale de décors.
Une richesse d'invention.
Même nudité de plateau pour « All River Red », chorégraphie de Li Hanzhong et Ma Bo (2001) réglée sur « le Sacre du printemps » d'Igor Stravinski.
La sonorisation désastreuse du lieu, qui ne lasse pas d'étonner pour un théâtre qui a coûté si cher à bâtir, était un handicap certain à la présentation de cette chorégraphie très originale d'une œuvre musicale si souvent utilisée. Cette fois, ce sont de grands foulards rouges qui créent le lien entre les danseurs costumés en rouge et noir dans des éclairages à dominante rouge, et servent de support à la danse.
Les idées générales du « Sacre » sont respectées mais les tableaux imaginés par les chorégraphes ont vraiment une nouveauté, une sauvagerie et une richesse dans l'invention qui surprennent et ravissent. Une surprise de taille que la découverte de cette excellente compagnie et de ces chorégraphes chinois si inventifs.
La tournée du Ballet de Pékin continue le 3 février à Joué-lès-Tours, le 4 à Bergerac, le 6 à Bordeaux/Le Bouscat et le 7 à Roissy-en-France.
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