DE NOTRE CORRESPONDANTE
QU'IL S'AGISSE du syndrome respiratoire aigu sévère (sras), de la grippe aviaire, de fièvres hémorragiques ou d'autres maladies à potentiel épidémique, l'enjeu est de contenir les risques de dissémination intentionnelle ou accidentelle des agents pathogènes dangereux manipulés dans les laboratoires. « Nous nous sommes rendu compte que, dans de nombreux laboratoires de haut niveau de sécurité biologique, créés partout dans le monde, il y a des risques de dissémination si les gens n'y font pas extrêmement attention, même dans ceux dotés des technologies les plus fantastiques », indique le Dr Nicoletta Previsani, responsable du programme de biosécurité à l'OMS.
Elle rappelle que, en 2004, trois cas de sras acquis dans des laboratoires asiatiques et liés à des erreurs humaines ont été recensés, alors que l'épidémie était terminée.
En matière de biosécurité, il existe déjà des normes, des standards et un guide publié par l'OMS dès 1983. « Mais, si les personnes qui travaillent dans ces laboratoires ne sont pas alertés sur la nécessité de faire extrêmement attention, des accidents se produisent quand même, observe Nicoletta Previsani. Notre objectif est donc de faire en sorte que les principes de sécurité soient totalement intégrés dans la routine du travail de ces laboratoires, qu'ils deviennent des automatismes. » La réunion d'experts organisée à Lyon avait pour but d'obtenir un consensus sur les grandes lignes d'une stratégie globale de gestion des risques au sein des laboratoires et d'en étudier la faisabilité. Dans le texte final, les experts évoquent la nécessité de protéger les produits biologiques précieux, non du fait de leur dangerosité, mais de leur coût. « Il appartiendra toutefois aux laboratoires de définir eux-mêmes ce qui est précieux, complète le Dr Previsani, puisque, dans ce texte, nous ne sommes pas spécifiques. »
Partenariat.
Les cinq centres collaborateurs de l'OMS en biosécurité, qui exercent déjà des fonctions d'information et de formation auprès des laboratoires du monde entier, seront bientôt chargés de diffuser les grandes lignes de cette stratégie, qui s'apparente à une sorte de « culture du bon travail ». Si besoin est, le bureau lyonnais de l'OMS, qui coordonne déjà un programme de jumelage et de partenariat des laboratoires impliqués dans la surveillance des maladies transmissibles, pourra également aider les structures qui en formuleront le souhait à trouver des ressources financières pour améliorer leur propre gestion du risque. Ce même réseau pourra aussi faire remonter des informations sur le cheminement des laboratoires en direction des objectifs fixés : « Nous verrons combien de laboratoires se sont impliqués et combien s'impliqueront dans le temps », indique le Dr Stefano Lazzari, directeur du bureau OMS de Lyon. « En revanche, souligne-t-il, l'OMS ne tiendra pas de rôle d'inspecteur. » C'est aux États concernés qu'il appartient d'assumer ce rôle.
* Représentant les six bureaux régionaux de l'OMS, les centres collaborateurs de l'OMS en biosécurité, l'Office international des épizooties (Oie), l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) et le Centre international pour l'ingénierie génétique et biotechnologies (Icgb).
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