La consommation régulière de cacahuètes par des nourrissons atopiques, dès l’âge de 4 mois et avant 11 mois, les protège d’une allergie à l’arachide, selon une étude publiée dans le « New England Journal of Medicine », leur risque de développer une allergie à l’âge de 5 ans est réduit de plus de 80 %. Ce travail est né d’un constat : le risque d’allergie à l’arachide est en effet dix fois plus élevé chez les enfants juifs vivant au Royaume-Uni, versus les enfants de même origine ethnique vivant en Israël où l’introduction de l’arachide dans l’alimentation est très précoce, vers l’âge de 7 mois.
L’essai Learning Early About Peanut Allergy (LEAP), randomisé, ouvert et contrôlé, conduit par le King’s College London avec le soutien des National Institues of Health américains, a donc testé cette hypothèse audacieuse d’une tolérance possible à l’arachide des enfants atopiques dès lors qu’elle a été consommée tôt.
Ont ainsi été inclus 640 nourrissons atopiques considérés à risque, souffrant d’un eczéma sévère et/ou d’une allergie à l’œuf. Leur prick-test était négatif ou modérément positif (papule de 1 à 4 mm de diamètre). Étaient exclus les plus réactifs (au-delà de 4 mm) et ceux qui présentaient une réaction allergique lors de l’introduction. L’objectif principal de l’essai étant de déterminer la proportion d’enfants qui développent une allergie à l’arachide à 60 mois.
Les certitudes ébranlées
Le groupe « introduction précoce » a ainsi reçu au moins 6 g de protéine d’arachide par semaine en au moins trois prises, jusqu’à l’âge de 5 ans, sous forme de snack ou de beurre de cacahuète sucré.
Au-delà de l’efficacité du protocole, qui ébranle les certitudes, le profil de tolérance dans ce cadre n’était pas un problème : les effets indésirables graves étaient similaires dans les deux groupes, « éviction jusqu’à l’âge de 60 mois » ou « introduction précoce ». Les événements mineurs étaient naturellement plus fréquents (mais pas plus graves) dans le groupe « introduction précoce » : infections respiratoires hautes, infections cutanées d’allure virale, gastro-entérites, urticaires et conjonctivites. Au total, près de 99 % des enfants de chaque groupe ont rapporté au moins un événement…
L’éviction est désormais de plus en plus contestée en France, où les enfants (qui ne sont pas tous hyperréactifs) n’ont aucune chance dans ces conditions de privation de l’aliment allergisant d’acquérir une tolérance spontanée, et les allergologues prônent actuellement une introduction prudente et tardive chez les enfants à risque élevé d’allergie (terrain familial et/ou personnel d’atopie, mais sans allergie avérée à l’arachide), une stratégie qui pourrait être à court terme revue et corrigée à l’occasion de prochaines recommandations.
Restent de nombreuses questions non résolues, et en particulier celle de la persistance de la réponse au long terme, du protocole et de sa durée, des enfants cibles (à très haut risque ?), et de la transposition à d’autres aliments tels que le lait ou l’œuf.
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