Un antiviral fait mieux que la postvaccination

Une stratégie contre l'arme de la variole

Publié le 13/12/2005
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LA VARIOLE aurait emporté près de 300 millions de personnes au XXe siècle. Cette maladie fébrile contagieuse, caractérisée par des éruptions vésiculaires et pustuleuses, est redoutable en raison de sa létalité élevée, de 1 % pour la variole mineure, mais de 30 % pour la variole majeure.
Fort heureusement, le virus de la variole a été éradiqué de la planète en 1979. Les programmes de vaccination systématiques ont donc été supprimés. Du coup, l'immunité contre la variole est presque absente dans la population actuelle.

Une menace terroriste plausible.
La possible réintroduction du virus de la variole à des fins terroristes est considérée comme une menace « plausible », bien que sa mise en œuvre soit difficile. La dissémination zoonotique du monkey pox, le virus simien de la variole, est également une préoccupation, notamment depuis l'épisode de flambée de cas humains aux Etats-Unis en 2003.
Ces craintes obligent les autorités sanitaires à prendre des mesures de prévention. Après exposition au virus de la variole, l'efficacité d'une vaccination antivariolique (postvaccination) est incertaine. Celle des antiviraux pour contrer la variole est à l'étude. Des antiviraux actifs sur le virus de la variole ont été identifiés, comme le cidofovir (Vistide), antiviral prescrit lors de certaines complications du sida.
Stittelaar (Erasmus MC, Rotterdam, Pays-Bas) et coll. publient une étude qui compare la postvaccination au traitement antiviral, soit par cidofovir (Vistide), soit par un analogue apparenté (HPMPO-DAP gamma), chez le singe.

Le virus monkey pox chez le singe cynomolgus.
Le singe (cynomolgus) a été infecté par le virus monkey pox, lequel cause une maladie similaire à la variole humaine ; ce modèle simien de la variole est actuellement utilisé pour évaluer les différents vaccins.
Les chercheurs montrent que la mise en route du traitement antiviral (par cidofovir ou un analogue, en combinaison avec le probenecide), vingt-quatre heures après l'infection intratrachéale létale par le monkey pox, réduit de beaucoup la mortalité et la morbidité (lésions cutanées).
Lorsque le traitement antiviral a été arrêté, treize jours après l'infection, tous les animaux survivants présentaient une immunité humorale et cellulaire contre le virus de la variole.
En revanche, lorsque les singes ont été vaccinés vingt-quatre heures après l'infection, avec une dose humaine standard du vaccin antivariolique actuellement recommandé (Elstree-RIVM), aucune réduction significative de la mortalité n'a pu être observée.
« Cette étude apporte la preuve que, lorsque l'infection se répand, il faut envisager sérieusement l'utilisation du cidofovir ou d'un analogue nucléotide apparenté, dont la biodisponibilité et le profil de toxicité seraient améliorés, soit en alternative de la vaccination, soit en stratégie supplémentaire, chez les individus qui pourraient avoir été exposés à la variole ou à d'autres infections à poxvirus, comme le monkey pox », estiment les chercheurs.
« Notre étude souligne le potentiel du cidofovir pour le traitement de courte durée des infections aiguës à poxvirus », ajoutent-ils.

« Nature », décembre 2005, Stittelaar et coll.

> Dr VERONIQUE NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7863