EN AVRIL 2003, le ministre de la Santé a créé un comité stratégique pour suivre et évaluer les actions entreprises dans le cadre du programme de lutte contre les hépatites. Présidé par le Pr Daniel Dhumeaux, le comité a été chargé de proposer des recommandations. Le rapport qui a été remis à Xavier Bertrand a inspiré les décisions annoncées par le ministre de la Santé.
L'hépatite C en France, c'est chaque année de 4 000 à 5 000 contaminations et de 3 000 à 3 500 décès. De 500 000 à 600 000 personnes sont touchées. Sur plus de 45 000 porteurs chroniques du virus atteints de cirrhose, 2 000 ont un cancer du foie. L'hépatite B est depuis 2004 une maladie à déclaration obligatoire. On dénombre 500 nouveaux cas et de 1 000 à 1 500 décès par an ; 300 000 personnes en sont atteintes de manière chronique. C'est la troisième cause de transplantation.
Xavier Bertrand relève que « certaines populations sont particulièrement exposées aux risques », les usagers de drogues pour les deux virus, et, pour le VHB, les personnes qui ont des pratiques sexuelles à risque, les voyageurs qui séjournent dans les pays où l'infection est fréquente (Afrique subsaharienne, Asie) et les professionnels de santé. Il a donc décidé de s'adresser prioritairement à ces populations.
Hépatite C : faciliter l'accès au traitement.
Dès 2006, l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes) diffusera, en lien avec les associations d'usagers de drogues, des documents sur les méthodes de réduction des risques, en insistant sur le non-partage, la non-réutilisation de la seringue et du matériel d'injection, et le dépistage. De leur côté, les établissements médico-sociaux accueillant des toxicomanes formaliseront « une stratégie de sensibilisation au VHC » et établiront une convention avec un centre de dépistage anonyme et gratuit ou un laboratoire d'analyse afin de faciliter la détection. Une circulaire ministérielle précisera ces instructions en janvier.
Pour ce qui relève du traitement, les drogués, qui représentent 70 % des nouveaux cas, font l'objet d'une attention spéciale. De 50 à 70 % de ceux qui utilisent la voie veineuse et intranasale sont contaminés par un sous-type de virus qui répond aux soins dans 50 à 80 % des cas. Or seulement 15 à 20 % d'entre eux en bénéficient. L'objectif de Xavier Bertrand est de doubler ces prises en charge. En premier lieu, les soignants se voient conviés à réduire le délai, « bien souvent trop long », qui s'écoule entre le dépistage et les soins. Or les deux tiers des individus à sérologie positive ont un résultat d'ARN viral positif, signe qu'ils sont bien porteurs du VHC. Aussi, dorénavant, le laboratoire d'analyse saisi du test sérologique effectuera en même temps que le contrôle du premier dépistage la recherche d'ARN viral C positif ou douteux. En outre, lors de l'annonce de l'infection, le médecin remettra à son malade le dépliant de l'Inpes, « Hépatite CV-un dépistage positif : que faire ? »
Toujours dans la perspective de gagner du temps, le généraliste devient le « pivot du parcours de soins coordonnés ». « Une fois la contamination confirmée, il orientera son patient vers l'hépato-gastro-entérologue pour déterminer le traitement adéquat, puis il assurera son suivi. » A terme, la médecine de ville devrait s'occuper de 60 % des malades et l'hôpital des 40 % qui ont une infection sévère, au lieu du contraire aujourd'hui.
Un référentiel et un protocole de soins pour les porteurs du VHC pris en charge au titre des affections de longue durée, conçu par la Haute Autorité de santé, est attendu pour l'année prochaine. Enfin, L'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites travaille actuellement sur la faisabilité de la primo-prescription de méthadone en cabinet libéral.
Hépatite B : tout pour la prévention.
En ce qui concerne l'hépatite B, le ministre mise sur la prévention. L'Inpes a réalisé deux outils. L'un, mis à la disposition des toxicomanes, comporte une carte sur les risques de la contamination et les moyens de s'en sortir. L'autre, à l'attention des professionnels et du mouvement associatif, met l'accent sur l'injection de drogues par voie intraveineuse. Des actions de sensibilisation à la vaccination vont être réalisées : elles seront dirigées vers des personnes à partenaires sexuels multiples, ou ayant des contacts avec des poteurs du VHB, les usagers de drogues, les nouveau-nés de mères contaminées et les professionnels de santé. Une brochure intitulée « Repères pour votre pratique », réservée aux soignants, ciblera les populations à risque.
Le Comité stratégique du programme national pour les hépatites veillera à la mise en œuvre, au suivi et à l'évaluation de ces mesures, et proposera éventuellement d'autres pistes d'intervention, en fonction des avancées thérapeutiques dans le domaine de l'hépatite B.
Journée de mobilisation le 21 janvier
« Les hépatites : l'affaire de tous ! » : en vertu de cette conviction, une journée de mobilisation aura lieu le samedi 21 janvier dans les 35 pôles de référence et réseaux hépatites. C'est leur fédération nationale (Fnprrh) qui organise cette journée avec l'Association française pour l'étude du foie (Afef) et les associations de malades représentées par SOS Hépatites.
L'objectif est de sensibiliser les professionnels de santé et d'informer le grand public. Le médecin traitant a un rôle essentiel dans le parcours de soins pour dépister, orienter et accompagner ses patients en liaison avec les spécialistes. Les professionnels de santé (psychologues, infirmières, médecins du travail, aides-soignants, chirurgiens-dentistes, pharmaciens...) doivent informer leurs patients sur les hépatites et les diriger, le cas échéant, vers leur médecin traitant. Il faut promouvoir le dépistage alors que 400 000 personnes ignorent qu'elles sont touchées par le VHB et par le VHC, faire savoir que l'hépatite C peut être guérie dans plus de la moitié des cas (traitement associant l'interféron pegylé et la ribavirine) et que l'hépatite B, outre la prévention par la vaccination, peut être stoppée dans son évolution dans 50 % des cas.
Des conférences-débats de 10 heures à 13 heures et de nombreuses initiatives régionales sont prévues.
>>>>Informations et inscriptions sur le site hepatites-info.com et au secrétariat de la Fnprrh, 01.47.37.26.14.
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