« La découverte dans des champs cultivés d'exemples de Burkholderia cepacia qui causent des infections extensives chez les patients atteints de mucoviscidose, indique que des souches pathogènes pour l'homme peuvent être présentes dans l'environnement. Ce qui a des implications importantes pour le contrôle des infections associées à la mucoviscidose », indiquent John LiPuma et al. (University of Michigan et Texas University), au terme de leur présentation dans une « Research letter » du « Lancet ».
C'est, par ailleurs, une donnée fondamentale à prendre en compte dans le débat sur la commercialisation d'espèces de B. cepacia dans l'agriculture biologique.
Jusque-là, en dépit de recherches ciblées, aucune souche commune aux patients atteints de mucoviscidose et à l'environnement n'avait été trouvée.
Un danger dans la mucoviscidose
Burkholderia cepacia représente un pathogène connu de longue date et redouté chez les sujets atteints de mucoviscidose. Les infections respiratoire par ce germe sont volontiers résistantes à l'antibiothérapie et associées à un déclin des fonctions pulmonaires, mettant en jeu le pronostic vital. Plus récemment, il est apparu que ces espèces appartiennent également au monde des pathogènes nosocomiaux. Des infections ont été observées chez des patients débilités en dehors de la mucoviscidose. La contamination est présumée être interhumaine, mais malgré des mesures de lutte strictes, les nouvelles acquisitions n'ont pas été complètement éliminées.
En même temps, des espèces de B. cepacia ont suscité un intérêt particulier dans le monde agricole.
Certaines souches ont en effet la propriété de dégrader des polluants, comme des insecticides organo-phosphorés, les PCB (biphényls polychlorés) et le trichloréthylène (l'un des contaminants les plus répandus dans les eaux terrestres). On cherche à exploiter commercialement les capacités de certaines souches en tant que biopesticides pour antagoniser des phytopathogènes fungiques ( Pythium spp. et Fusarium spp.) dans l'agriculture biologique.
Pour appréhender de potentiels réservoirs humains, LiPuma et coll. ont fait des comparaisons moléculaires d'isolats récoltés chez des patients et dans des sources environnementales. Ces dernières provenaient de quatre champs situés dans l'Etat de New York, plantés d'oignons cultivés en agriculture biologique depuis plusieurs années. Les chercheurs ont aussi analysé les souches obtenues par macération de tissu d'oignons. C'est ainsi qu'ils ont identifié, provenant des champs, des espèces de Burkholderia cepacia « genomovar III », les plus fréquemment retrouvées dans les prélèvements bronchiques des patients atteints de mucoviscidose dans la même région des Etats-Unis. Ils démontrent une identité phylogénique à 99,1 % pour deux gènes significatifs entre des souches provenant du sol et d'autres trouvées dans des cultures de crachats de patients.
Ce qui incite les auteurs à écrire : « L'acquisition de complexes de B. cepacia à partir de l'environnement naturel pourrait expliquer pourquoi les mesures actuelles ne sont pas parvenues à éliminer l'incidence de cette infection chez les patients souffrant de mucoviscidose. » Il faut maintenant définir plus spécifiquement les niches biologiques de chacune des espèces de B. cepacia. Ce qui pourrait aider à prendre les mesures optimales pour réduire le risque.
« The Lancet », vol. 359, 8 juin 2002, pp. 2002-2003.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature