Depuis peu, les Italiens en phase terminale d'une maladie incurable peuvent participer à un curieux voyage à destination des Pays-Bas.
A première vue, aucun problème. A un détail près : il s'agit d'un aller simple. Car le motif du déplacement n'est pas banal. La société organisatrice propose tout simplement aux participants de se faire euthanasier là où la loi l'autorise. Au cas où la nature du « service » offert ne serait pas assez claire, la société a jugé bon de jouer sur les mots en se baptisant, à juste titre, « Exit ».
La découverte d'une telle pratique, dénoncée par le journal « la Stampa », soulève de violentes polémiques dans le pays. Le président d'Exit, Enrico Coveri, se défend d'aller à l'encontre de certains principes éthiques et moraux. Pour lui, il s'agit d'offrir la possibilité d'une mort accompagnée d'une « grande dignité », en présence de médecins et de la famille. « L'Italie a besoin d'une loi qui évite les douleurs inutiles. » L'archevêque de Turin, de son côté, s'insurge contre « une dérive morale qui doit être sévèrement punie ». En cas de confirmation de ces pratiques, le sous-secrétaire d'Etat à la Justice, Michele Vietti, a estimé que « la magistrature devrait se pencher sur elles avec beaucoup d'attention ».
Cette affaire morbide soulève en effet nombre d'interrogations. Alors que l'Italie interdit toute forme d'euthanasie sur son territoire, que penser de son autorisation à distance ? Doit-on craindre l'incitation au suicide, voire à l'homicide, si l'entourage fait pression sur le patient ? A ces questions éthiques se greffent également des soucis d'ordre économique. Car il va de soi que le « voyage » n'est pas gratuit. Seuls les patients aisés peuvent s'offrir la « douce mort ». Les Pays-Bas étant à l'heure actuelle le seul pays de l'Union européenne qui accepte l'euthanasie, l'émergence d'un trafic de malades vers cette destination est à redouter.
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