LE RECOURS aux puces à ADN pourrait bien révolutionner le diagnostic et la prise en charge des lymphomes non hodgkiniens. Deux équipes indépendantes, l’une américaine et l’autre allemande, viennent de démontrer qu’il est possible de distinguer les lymphomes de Burkitt de ceux à grandes cellules, en mesurant l’expression des gènes des cellules tumorales.
Jusqu’ici, la frontière les séparant est restée assez floue. Les méthodes diagnostiques actuelles se fondent sur des caractéristiques morphologiques, immunophénotypiques et généti- ques. Elles sont loin d’être infaillibles.
Or une erreur de diagnostic peut être fatale aux patients, car à chacun de ces deux types de lymphome correspond un traitement spécifique. Les chimiothérapies efficaces sur les lymphomes à grandes cellules ne permettent pas de contrôler les lymphomes de Burkitt et celles qui permettent de sauver les patients atteints d’un lymphome de Burkitt ont trop d’effets secondaires pour être envisagées chez des sujets pour lesquels le diagnostic est difficile et incertain.
C’est pourquoi Hummel et coll. (charité Universitatsmedizin, Berlin), d’une part, et Dave et coll. (NIH, Bethesda), d’autre part, ont recherché un nouveau moyen, plus précis et plus performant, d’identifier les lymphomes de Burkitt. Les deux équipes ont employé la même stratégie, qui s’est déjà révélée payante dans la recherche de méthode diagnostique : l’analyse du transcriptome des cellules cancéreuses.
Grâce à des puces à ADN.
Lorsqu’une cellule saine devient tumorale, le niveau d’expression de certains de ces gènes est modifié. Généralement, les mêmes modifications de l’expression génétique interviennent dans la transformation des cellules qui vont conduire au développement d’un même type de cancer. Ainsi, en étudiant les modifications de l’expression génétique spécifique aux lymphomes de Burkitt, grâce à des puces à ADN, il est possible d’identifier une « signature génétique » spécifique de cette catégorie de lymphomes non hodgkiniens. C’est précisément ce que les deux équipes ont entrepris.
Hummel et coll. ont travaillé à partir d’échantillons d’ARN obtenus sur 220 patients dont huit étaient atteints d’un lymphome de Burkitt, selon les critères de classification de l’OMS. Leurs travaux ont conduit à l’identification de 44 patients supplémentaires souffrant de cette forme de cancer rare et agressive.
Dave et coll. ont, quant à eux, étudié l’expression génétique des cellules cancéreuses de 303 patients dont 25 souffraient d’un lymphome de Burkitt. Là encore, l’analyse génétique a montré que 8 patients chez lesquels les méthodes classiques avaient abouti au diagnostic d’une forme à grandes cellules, souffraient vraisemblablement d’un lymphome de Burkitt.
Ces deux études indépendantes démontrent donc que l’utilisation de puces à ADN, permettant l’étude globale de l’expression génétique des cellules cancéreuses, constitue une méthode efficace de diagnostic du lymphome de Burkitt, plus fiable que celles actuellement utilisées.
Cependant, comme le rappellent les Dr Harris et Horning dans un commentaire, la technologie des puces à ADN est encore trop coûteuse et trop délicate à mettre en oeuvre pour être utilisée en routine comme méthode diagnostique.
« New England Journal of Medicine » du 8 juin 2006, pp. 2419-2430 et 2431-2442.
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