Classique
L'IDÉE du metteur en scène Pat Halmen de placer l'action dans le musée égyptien du Caire fonctionne parfaitement. Au lever de rideau, des visiteurs de l'époque de la création de l'œuvre (pour l'inauguration du Canal de Suez en 1871) contemplent des statues, dont celles du roi d'Egypte et de sa fille, la princesse Amnéris. Parmi eux, le compositeur en costume d'été, partition d'« Aïda » et canne à la main.
L'action commence alors que les spectateurs vident la salle et qu'un soldat qui les accompagne tombe au sol, révélant qu'il a les yeux bandés. C'est Radamès, le glorieux capitaine qui, bien que libérateur de l'Egypte de l'envahisseur éthiopien, a été enterré vivant pour avoir ensuite trahi sa patrie en aimant l'esclave Aïda, fille du roi d'Ethiopie, alors que le roi d'Egypte lui avait offert la main de sa fille Amnéris. L'opéra commence alors. C'est un long flash-back qui se déroule en costumes d'époque, riches en symboles et signés, comme le décor monumental et les éclairages raffinés, par Pet Halmen.
Le compositeur, visiblement ému par l'action, assiste à l'opéra assis à une table de bistrot sur une petite plate-forme ou en se promenant autour de l'espace scénique. De hautes colonnes de couleur lapis-lazuli, comme le sol, délimitent cet espace, tour à tour palais, temple, place publique, bords du Nil et tombeau. Tout fonctionne à merveille. Les ballets sont plus évocateurs qu'exotiques, avec des animaux masqués du plus bel effet, parmi lesquels deux énormes hippopotames dont surgissent des acrobates, membres du Ballet du Capitole, pour la plus extravagante fête du triomphe.
Réunir une distribution pour « Aïda » est une gageure, en réunir deux est un défi nécessaire pour assurer sept représentations en dix jours. D'autant que le Capitole a dû faire face à la défection de deux chanteurs, dont un des Radamès prévus.
Dans la distribution que nous avons entendue, le rôle était tenu par le ténor italien Piero Giulacci, aux moyens spectaculaires et parfaitement à l'aise scéniquement. Dolora Zajick, malgré une voix qui désormais ne reste étonnante que dans les deux extrémités de son registre, a donné de la princesse Amnéris une poignante incarnation. Le soprano canadien Michèle Capalbo n'est pas la plus céleste des Aïda, avec une émission souvent incertaine, mais elle en a incontestablement les moyens. Luigi Roni (le roi), Carlos Almaguer (Amonastro) et Giorgio Giuseppini (Ramphis) complétaient cette efficace distribution.
Le chœur du Capitole s'est surpassé, si la chose est possible, et Maurizio Benini a donné à la tête de l'Orchestre du Capitole une lecture claire et sobre de ce grand chef-d'œuvre intimiste verdien.
Prochain spectacle de la Halle aux Grains (05.61.63.13.13) : « Elektra » de R. Strauss, mise en scène de Nicolas Joël, direction musicale d'Alain Lombard, avec K. Armstrong, J. Baird, T. Kiberg, K. Riegel, les 25 et 31 mars à 20 h 30, les 28 mars et 4 avril à 15 h.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature