LA VACCINATION rougeole-oreillons-rubéole a été introduite aux Etats-Unis en 1967. Dès la mise en place de l'obligation vaccinale chez les jeunes enfants, l'incidence des oreillons s'est fortement abaissée : de 152 0209 en 1968, elle est passée à 2 982 en 1985, soit une baisse de 98 %. Au cours de la décennie 1980, des épidémies ponctuelles sont survenues chez des enfants vaccinés ou non, ce qui a conduit les autorités à proposer un rappel vaccinal en fin d'école primaire. L'effet de cette modification du calendrier vaccinal ne s'est pas fait attendre : entre 2000 et 2005, l'incidence annuelle s'est établie à 350 cas avec une majorité des cas décrits hors d'un contexte épidémique. Dans ces conditions, une éradication complète était prévue pour le début des années 2010.
Un campus de l'Iowa.
Mais, dès janvier 2006, une première épidémie d'oreillons est survenue au sein d'un campus d'étudiants dans l'Iowa. D'autres phénomènes similaires ont été décrits par la suite et ils concernaient toujours des communautés de jeunes adultes. En avril 2006, un total de 2 786 cas avait été notifié dans 40 des 50 Etats d'Amérique. L'incidence a diminué progressivement au cours des mois suivants et, entre août et novembre 2006, trois autres épidémies sont survenues au sein de campus universitaires. Près de 85 % des malades vivaient dans l'un des 8 Etats du centre nord du pays. Au 31 décembre 2006, le nombre des cas totaux était évalué à 6 584 et 85 malades avaient dû être hospitalisés. Aucun décès n'a été recensé et aucune épidémie n'a eu lieu dans des écoles primaires ou secondaires des Etats concernés. C'est dans la tranche d'âge 18-24 ans que l'incidence était la plus élevée et 83 % des malades fréquentaient un campus universitaire. Les filles étaient plus souvent atteintes que les garçons et une forte disparité éthnique a été notée : les Caucasiens étaient ceux le plus souvent atteints (70 % des cas cumulés), alors que les Noirs, les Hispaniques ou les Asiatiques étaient moins concernés (moins de 10 %). Plus de la moitié des sujets d'origine européenne malades avaient reçu deux injections vaccinales et seulement 20 % n'avaient pas été vaccinés.
Orchite : 10 % des cas.
L'équipe du Dr Gustavo Dayan (CDC Atlanta) a analysé les manifestation cliniques des 4 039 patients pour lesquels elle a pu disposer d'un dossier clinique complet : 92 % des patients ont souffert de parotide, 7 % d'une inflammation d'une autre glande salivaire, 57 % de signes généraux (céphalées, myalgies, asthénie), 29 % de fièvre, 10 % d'orchite et moins de 1 % de pancréatite ou d'encéphalite. Les complications sont survenues plus fréquemment dans la tranche d'âge 25-49 ans. Parmi les dossiers cliniques exploitables, 63 % des patients et 84 % des 18-24 ans avaient reçu deux doses de vaccin rougeole-oreillon-rubéole au cours de leur enfance. Le taux de couverture vaccinale (deux injections) dans les 8 Etats les plus concernés par les épidémies s'établissait à 87 % chez les adolescents. Pour les auteurs, l'analyse des variations des taux d'IgG et d'IgM de populations d'enfants et d'adolescents vaccinés pourrait permettre de mieux préciser le schéma vaccinal optimal à utiliser. Ils évoquent aussi l'intérêt de disposer d'informations écrites sur la vaccination rougeole-oreillons-rubéole des jeunes étudiants afin de déterminer si une injection de rappel est nécessaire avant qu'ils intègrent la vie communautaire au cours de laquelle ils pourraient être en contact avec des personnes d'origine différente chez qui la vaccination par le ROR n'est pas optimale, voire non obligatoire. Les auteurs précisent que cette donnée n'est pas disponible actuellement pour près de 40 % des jeunes adultes inscrits à l'université.
« New England Journal of Medicine », 358 ; 1580-1589, 10 avril 2008.
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