DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA COORDINATION nationale des réseaux vient de se réunir en congrès durant trois jours à Lille. Pour cette quatrième rencontre, 800 participants - médecins, travailleurs sociaux, infirmières, malades... - venus de toute la France avaient fait le déplacement. Preuve que cette approche de la santé, complète et durable, répond à un besoin profond des soignants et des patients.
On en dénombre environ trois cents dans le pays : spécialisés dans le diabète, les maladies cardio-vasculaires, la cancérologie ou encore la gériatrie, ils se sont largement développés au cours des dix dernières années. Pour la seule région Nord - Pas-de-Calais, on compte quatre-vingts réseaux de santé.
« Les réseaux présagent de la manière de travailler de demain, assure le Pr Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida. Aujourd'hui, ils sont devenus indispensables dans le système de soins, car il faut faire appel à un tel nombre de compétences que le fonctionnement en réseaux est devenu une nécessité. Pour apporter aux patients une réponse globale, les acteurs de santé ne peuvent plus travailler de manière isolée : ils doivent coopérer avec les travailleurs sociaux, les psychologues, et même les bailleurs sociaux. Seul le réseau permet cette communication entre les acteurs. »
Aujourd'hui, pourtant, nombre de réseaux se sentent menacés. Parce que les associations avec lesquelles ils travaillent quotidiennement voient leurs subventions diminuer de manière drastique, voire disparaître à la suite d'arbitrages budgétaires.
Mais aussi parce que les rigidités imposées par les différentes réglementations retirent aux réseaux leur souplesse de fonctionnement.
La loi Kouchner du 4 mars 2002 a mis l'accent sur le droit des malades et la nécessité de mettre l'usager au centre du dispositif de soins, mais, en pratique, ce mouvement se heurte à l'instrumentalisation des réseaux par les pouvoirs publics, déplore Philippe Chossegros, président de la coordination nationale des réseaux. « L'organisation bureaucratique et étatique de la santé en France freine considérablement notre capacité d'innovation. L'Urcam et l'ARH sont les seuls pôles de décision en matière de santé, il n'existe actuellement aucun contre-pouvoir ! »
Au cours de leur congrés, les représentants de la coordination ont réitéré leur demande « que les pouvoirs publics entendent la réalité du terrain. Il est difficile de faire valoir la nouveauté lorsque les relations avec les administrations sont vécues comme un harcèlement continu. »
Des maisons de l'éducation.
Les réseaux ne manquent pourtant pas d'idées. Leur coordination a présenté à Lille plusieurs propositions pour impliquer davantage les usagers dans le système de soins : ils suggèrent notamment la création de 200 maisons de l'éducation en France, qui permettraient de pérenniser les actions menées par les réseaux dans les différentes régions et de garantir leur financement sur des fonds de la Sécurité sociale et non plus sur une enveloppe spéciale, comme c'est le cas actuellement.
A l'heure où une crise secoue le monde médical, la coordination voit dans les réseaux un moyen de redonner du sens au métier de médecin : « Vingt-cinq à 30 % des professionnels sont en "burn out". Trois mille cinq cents postes de praticien hospitalier sont vacants. Et 500 candidats à l'internat ont choisi de repasser leur année pour ne pas devenir généraliste, souligne Philippe Chossegros. La profession est en crise parce que les médecins ne trouvent plus de plaisir dans leur métier. Or les réseaux peuvent apporter une réponse à ce malaise, en aidant les professionnels à se réapproprier leur travail et à se montrer innovants. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature