O N sait qu'il existe un équilibre entre la réponse immunitaire de type Th1 (T-helpers 1) et la réponse de type Th2. Dans certaines pathologies, il existe un déséquilibre soit de type Th1, soit de type Th2.
Dans la dermatite atopique, maladie cutanée inflammatoire chronique de cause inconnue, il y a une réponse de type Th2 (avec notamment réduction de la production d'interféron gamma et accroissement de la production d'interleukine 4). A l'inverse, dans le diabète de type 1, la réponse est de type Th1 (avec, notamment, hyperproduction d'interféron gamma).
La relation réciproque qui existe entre la réponse Th1 et la réponse Th2 laisse penser que la dermatite atopique (Th2) et le diabète de type 1 (Th1) sont peu susceptibles de coexister chez le même individu. Pour tester cette hypothèse, des Danois (Anne Braae Olesen et coll., université d'Aarhus) ont conduit une étude cas-contrôles dans le but d'analyser la fréquence de la dermatite atopique dans deux populations d'enfants nés entre 1984 et 1995 : d'une part, des diabétiques de type 1 (la date du début du diabète étant considérée comme le jour de la première injection d'insuline) et, d'autre part, des enfants contrôles, non diabétiques.
Le groupe « cas » était constitué de 928 enfants diabétiques de 3 à 15 ans et le groupe contrôle de 10 000 enfants du même âge. Au total, 9 732 familles ont pu être incluses dans le groupe contrôle et 920 dans le groupe des diabétiques. Un questionnaire a été envoyé à toutes ces familles ; les non-répondeurs recevaient un deuxième questionnaire au bout d'un mois.
Le taux de réponse a été de 88,8 % chez les diabétiques (n = 817) et de 78,9 % chez les cas (n = 7 683) ; à noter que 52,9 % des diabétiques et 51,9 % des contrôles étaient des garçons.
Rien de tel pour l'asthme et le rhume des foins
Résultat : la dermatite atopique était inversement associée au diabète de type 1. L'incidence cumulative de dermatite atopique à l'âge de 15 ans était environ d'un tiers plus basse chez les diabétiques que chez les contrôles (13,1 % contre 19,8 %, p < 0,0001). A noter que 73 enfants ont développé une dermatite atopique avant le début du diabète ; après ajustement pour l'âge, le sexe, le poids de naissance, la parité de la mère et son âge à la naissance de l'enfant, le ratio était de 0,49 entre les diabétiques et les contrôles. Après le début d'un diabète, 24 enfants ont développé une dermatite atopique et le ratio ajusté était de 1,36.
« Dans cette étude rétrospective cas-contrôles, nous avons trouvé que l'incidence cumulative de la dermatite atopique chez les enfants diabétiques était environ des deux tiers de celle des enfants non diabétiques. En revanche, nous n'avons trouvé aucune association significative similaire pour l'asthme et le rhume des foins. »
« Chez les enfants qui sont devenus diabétiques, avant la survenue de ce diabète, l'incidence de la dermatite atopique était significativement plus basse que chez les contrôles ; mais après le début du diabète, l'incidence de la dermatite atopique était la même entre les diabétiques et les contrôles. »
Certes, il peut y avoir des biais portant sur les souvenirs des parents. Un rôle du statut nutritionnel est exclu par les auteurs, d'autant que ni la dermatite ni le diabète ne sont apparus liés à une obésité. En revanche, l'effet de l'allaitement au sein sur la survenue de l'une ou l'autre de ces maladies est inconnu.
« Peu d'études ont porté sur l'association entre des maladies auto-immunes présumées être, d'un côté, de type Th1 et, de l'autre, de type Th2 », soulignent les auteurs.
Tôt dans la vie
« Nos résultats supportent l'idée que l'association inverse entre une maladie atopique et le diabète de type 1 est due à des différences qui surviennent tôt dans la vie. Il est nécessaire de conduire des études sur les différences portant sur les IgE et le profil des cytokines chez des sujets avec et sans diabète et porteurs d'une dermatite atopique », indiquent les auteurs.
« Nos résultats ne nous permettent pas de dire si l'apparition précoce d'une dermatite atopique réduit le risque ultérieur de diabète de type 1 ou qu'une tendance au diabète réduit le risque de survenue précoce dune dermatite atopique », concluent-ils.
« Lancet » du 2 juin 2001, pp. 1749-1752.
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